Poutine lance une sérieuse menace
Il fait mention d’utiliser l’arme nucléaire en cas d’escalade avec les alliés de l’Ukraine
MOSCOU | (AFP) Vladimir Poutine a averti hier les Occidentaux contre une « menace réelle » de guerre nucléaire en cas d’escalade du conflit en Ukraine, dans son discours à la Nation, une grand-messe annuelle à l’occasion de laquelle il a défini les priorités de la Russie.
Cette nouvelle sortie sur le nucléaire a été qualifiée par Washington de « rhétorique irresponsable ».
Le chef de l’État russe s’est aussi félicité de l’avancée de son armée sur le front en Ukraine, à deux semaines d’une élection présidentielle qu’il devrait remporter sans surprise en l’absence d’opposition.
D’un ton calme, sous les applaudissements très réguliers de l’assistance constituée de l’élite russe, il est revenu sur les propos polémiques de son homologue français Emmanuel Macron, qui a évoqué cette semaine l’éventualité de l’envoi de troupes occidentales en Ukraine.
« Ils [les Occidentaux] ont parlé de la possibilité d’envoyer en Ukraine des contingents militaires […]. Mais les conséquences de ces interventions seraient vraiment plus tragiques », a-t-il déclaré du Gostiny Dvor, un palais des Congrès situé près de la place Rouge à Moscou.
« Ils doivent comprendre que, nous aussi, nous avons des armes capables d’atteindre des cibles sur leur territoire. Tout ce qu’ils inventent en ce moment, en plus d’effrayer le monde entier, est une menace réelle de conflit avec utilisation de l’arme nucléaire et donc de destruction de la civilisation », a poursuivi M. Poutine.
DISSUASION
Malgré la controverse suscitée par ses propos jusqu’aux alliés de la France, Emmanuel Macron a quant à lui assuré hier que chacun de ses mots sur l’Ukraine était « pesé » et « mesuré ».
Selon Héloïse Fayet, de l’Institut français des relations internationales, Vladimir Poutine vise surtout par le biais de ces nouvelles menaces nucléaires à dissuader l’opinion publique occidentale de soutenir la fourniture de davantage d’armes à l’Ukraine.
« On est dans un rapport dissuasif relativement équilibré et, pour l’instant, il n’y a pas de signes plus importants de risque d’emploi de l’arme nucléaire », juge-t-elle.
LA RUSSIE S’ACCROCHE
Le président russe apparaît en tout cas en meilleure posture qu’il y a un an. L’armée ukrainienne a échoué dans sa contre-offensive déclenchée à l’été 2023 et se retrouve sur la défensive, manquant de munitions faute d’un accord à Washington et du fait de la lenteur des livraisons européennes, face à des soldats russes plus nombreux et mieux armés.
Les militaires russes engagés en Ukraine « ne reculeront pas, n’échoueront pas, ne trahiront pas », a encore promis M. Poutine dans la conclusion de son discours, suivie d’une écoute solennelle de l’hymne russe.
Dans son allocution, le maître du Kremlin s’en est aussi pris aux actuelles autorités américaines, les accusant de « vouloir montrer qu’elles dirigent le monde comme avant » et de faire de la « démagogie » avant l’élection présidentielle de novembre aux États-Unis.
Selon M. Poutine, la Russie est « prête à un dialogue » avec Washington sur les questions de « stabilité stratégique ».