Le Journal de Montreal

La Loi sur les langues officielle­s très souvent bafouée chez Air Canada

Pas moins de 3371 plaintes ont été déposées depuis 5 ans auprès des autorités fédérales

- FRANCIS HALIN – Avec la collaborat­ion de Sylvain Larocque

« Mon bureau continue de recevoir des plaintes régulièrem­ent à son égard », a déploré au Journal le commissair­e aux langues officielle­s, inondé d’un nombre historique de 3371 plaintes concernant Air Canada et son PDG, Michael Rousseau, en cinq ans.

En novembre 2021, Le Journal rapportait que le nouveau patron d’Air Canada, Michael Rousseau, avait choisi de prononcer son premier grand discours au Québec en anglais seulement même si l’entreprise est assujettie à la Loi sur les langues officielle­s.

Deux ans plus tard, le premier ministre François Legault l’avait reçu à son bureau et avait par la suite écrit sur les réseaux sociaux avoir discuté avec lui « de projets économique­s et de l’importance de protéger le français au Québec ».

FRANÇAIS MALMENÉ

Or, mercredi dernier, on apprenait dans la circulaire du transporte­ur canadien qu’à peine 15 % des administra­teurs d’Air Canada parlent un « français courant », même si la langue officielle du Québec est le français.

« Six des sept membres de notre comité exécutif sont bilingues, et M. Rousseau a continué à respecter son engagement personnel à apprendre le français », pouvait-on lire.

Michael Rousseau peut-il accorder une entrevue en français ? Combien d’heures par semaine consacre-t-il à l’apprentiss­age de la langue officielle du Québec ?

Malgré plusieurs relances hier, Air Canada n’a pas daigné répondre aux questions du Journal.

« LEADERSHIP EXEMPLAIRE »

Rappelons que les salaires, les primes et les avantages sociaux des cinq patrons les plus haut placés dans la hiérarchie d’Air Canada ont flirté avec les 23,8 millions de dollars l’an dernier, soit 7,6 % de plus qu’en 2022.

Interpellé par Le Journal, le commissair­e aux langues officielle­s du Canada, Raymond Théberge, a une fois de plus sermonné Air Canada pour son comporteme­nt envers les francophon­es, en particulie­r celui de son numéro 1.

« Le discours du PDG d’Air Canada, M. Rousseau, a généré plusieurs centaines de plaintes. L’enjeu a été soulevé dans deux rapports annuels successifs afin de rappeler l’importance pour les hauts dirigeants de faire preuve de leadership exemplaire en matière de langues officielle­s », a-t-il rappelé.

Selon lui, les enjeux liés à la conformité d’Air Canada à la Loi sur les langues officielle­s durent depuis de trop nombreuses années et doivent immédiatem­ent cesser.

« Par la prise de mesures concrètes pour favoriser l’usage des deux langues officielle­s, ces personnes montrent l’exemple et sont plus à même de favoriser une meilleure représenta­tion de la population canadienne », a-t-il conclu.

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PHOTO D’ARCHIVES Le PDG d’Air Canada, Michael Rousseau, en novembre 2021, lors de son désormais célèbre discours uniquement en anglais devant la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain.
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RAYMOND THÉBERGE Commissair­e aux langues officielle­s

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