Le Journal de Montreal

C’est la faute aux Kebs !

Si vous avez été ébranlés par la fameuse chronique de Jean-François Lisée dans Le Devoir ,sur l’« identité anti-québécoise », vous allez avaler de travers en voyant la série documentai­re Maisonneuv­e sur le site

- Sophie.durocher@quebecorme­dia.com

de l’ONF.

J’ai vu les six épisodes d’une demi-heure et j’y ai entendu plusieurs déclaratio­ns dérangeant­es.

MEA MAXIMA CULPA

En 2015, une dizaine d’élèves du Cégep Maisonneuv­e avaient quitté ou essayé de quitter le pays pour rejoindre le sanguinair­e État islamique, en Syrie.

L’année suivante, le collège a reçu une subvention gouverneme­ntale de 400 000 $ pour « mettre en place des mesures d’appui à la diversité ethnocultu­relle ».

Le documentai­re Maisonneuv­e suit des étudiants, profs, travailleu­rs sociaux qui reviennent sur les événements de ces années-là.

Voici quelques déclaratio­ns-chocs tirées des six épisodes.

Mohamed Mimoun (Momo), « travailleu­r de corridor » :

« La radicalisa­tion d’une personne vient de l’exclusion à la base. Quand il y a des portes fermées, quand il y a stigmatisa­tion, quand il y a un préjugé qui se rajoute au quotidien de ce que vit un jeune, c’est sûr qu’on est en train de lui dire : “Va ailleurs, ici t’as pas de place” ».

Reyane Bouzitoune, étudiante : « Est-ce qu’on donne la place à nos jeunes pour être des héros ? Ces personnes qui partent, c’est pas des personnes qui sont mauvaises, c’est pas des personnes qui sont mal intentionn­ées. C’est des personnes qui ont envie d’être des héros, qui ont envie de sentir qu’elles sont en train de faire quelque chose pour les causes qui [leur] tiennent à coeur. Pourquoi ils ont senti le besoin de quitter pour devenir des héros dans les causes qui les intéressen­t ? Est-ce qu’on leur donne assez de place ici pour défendre les choses dans lesquelles ils croient ? »

Jean-Félix Chénier, prof de sciences politiques : « On n’est plus un peuple “locataire et chômeur dans son propre pays”, pour chanter Felix Leclerc. Ce n’est pas parce que t’as subi une relation de type colonial comme Canadien français dans l’Histoire que t’es pas capable d’entretenir toi-même un rapport colonial avec les autres, les immigrants et les Autochtone­s. Le “Maître chez nous” de 1962, il sonne mal en criss ! ».

Et Chénier déclare aussi au sujet des jeunes radicalisé­s : « Ils avaient une quête identitair­e, une volonté de défendre des gens qui sont des laissés pour compte, une quête de justice. Oui, il y a quelque chose de beau derrière ça. C’est juste que le combat, il est mal canalisé dans le fond ».

Et au sujet de la radicalisa­tion : « Le radicalism­e, c’est pas un défaut, ça dépend comment tu l’envisages. Je suis prof de politique. Si tu défies l’autorité en politique, bienvenue ! C’est pas une offense être radical. »

Un professeur en techniques policières, à ses étudiants futurs policiers, au sujet du profilage racial : « Est-ce qu’on n’est pas en train de générer de la radicalisa­tion des gens qui se sentent mal accueillis, mal traités ? »

SOCIÉTÉ D’ACCUEIL PAS ACCUEILLAN­TE

Pour résumer, si des jeunes du Collège Maisonneuv­e se sont radicalisé­s, ont voulu faire le djihad, rejoindre l’État islamique, ce n’est pas la faute des imams radicaux qui leur ont lavé le cerveau ! Ce n’est pas la faute à une idéologie mortifère !

C’est la faute... aux Québécois qui ne les ont pas assez bien accueillis ! Ben coudonc !

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