Le Journal de Montreal

Bon voyage mon Réal !

- Julien.cabana@quebecorme­dia.com

Véritable monument du monde de la pourvoirie au Québec, Réal Massé est décédé des suites d’une maladie foudroyant­e. La nouvelle m’est tombée dessus hier comme un coup de masse.

Je savais qu’il avait des problèmes de santé mais, fidèle à lui-même, Réal ne voulait pas discuter de la gravité du problème. Il est parti paisibleme­nt, entouré des siens, à la pourvoirie.

J’ai connu Réal à mes tous débuts au Journal. À ce moment-là, il était promoteur de kick-boxing, lui qui avait été boxeur durant des années dans sa jeunesse. Tout son gala était monté de façon impeccable, afin de donner le meilleur aux amateurs.

En 1986, j’apprends qu’il a décidé de devenir pourvoyeur. Après avoir fait des démarches du côté de la Côte-Nord, il change complèteme­nt de région pour se porter acquéreur du Club Léonard Bellerose à Saint-Zénon.

Fidèle à lui-même, Réal décide de faire de sa pourvoirie la référence du milieu. Rapidement, il fait sa marque en proposant aux amateurs de pêche des chalets complets avec salle de bain et plus, des infrastruc­tures qui n’existaient pas à ce moment-là. Dès sa première apparition dans les salons de chasse et pêche, on pouvait sentir qu’il ouvrait une nouvelle voie à ce qu’allait devenir la pourvoirie au Québec.

FORTE PERSONNALI­TÉ

Avec son franc-parler et sa personnali­té très forte, il imposait le tempo en y allant entre autres avec des ensemencem­ents pour alimenter ses lacs. Il voulait que les amateurs puissent faire de belles captures. Au début, bien des pourvoyeur­s dénonçaien­t sa méthode d’ensemencer ses lacs. Aujourd’hui, plusieurs pourvoirie­s utilisent sa méthode et procurent ainsi aux amateurs ce qu’ils recherchen­t en tout premier lieu: du succès à la pêche.

Il me disait souvent que même s’il avait bâti de beaux chalets, une auberge de grande qualité, un service hors pair de restaurati­on, l’amateur de pêche qui se rendait chez lui ne voulait qu’une seule chose, avoir du succès à la pêche.

UN SPORTIF DANS L’ÂME

Réal a toujours été un sportif dans l’âme. En consultant toutes les coupures de presse et les différents tableaux qui sont affichés dans la salle à manger, on peut le comprendre. Il adorait les sports comme le baseball, avec son ami Felipe Alou qui est venu le visiter à la pourvoirie à de nombreuses reprises. Il avait son équipe de balle molle à l’époque où il possédait des brasseries. Il adorait le golf, lui qui a joué durant des années. Il était très fier de son nouveau parcours qu’il avait construit sur le même terrain où il faisait ses parties de chasse au faisan en automne.

CHASSER EN AFRIQUE

Grand amateur de chasse, après avoir chassé l’orignal, l’ours noir et le chevreuil au Québec, il s’est lancé dans l’aventure africaine. Durant plusieurs années, il se rendait plusieurs mois sur une pourvoirie en Afrique où il accompagna­it les chasseurs d’ici qui voulaient vivre l’expérience. Au fil des années, il a créé une collection très impression­nante des différente­s espèces qu’il a récoltées en Afrique.

Réal était un homme franc, entier dont la personnali­té ne plaisait pas à tout le monde. On l’aimait ou on ne l’aimait pas. Il se devait de garder une discipline à la pourvoirie où il pouvait accueillir plusieurs centaines de pêcheurs en une seule journée. Fidèle au poste, il était dans sa petite casa où il accueillai­t les pêcheurs, distribuai­t les lacs, y allait de conseils pour les aider, sans oublier les anecdotes qu’il aimait raconter. Réal va laisser un grand vide à la pourvoirie, c’est certain. Toutefois, il pourra constater de là où il est que la famille va continuer son oeuvre. Sa conjointe, Ginette, sa fille Nancy, son gendre Gilles et sa petite-fille Stéphanie seront là pour accueillir les pêcheurs et leur offrir le rêve qu’ils sont venus chercher.

Bon voyage, mon Réal !

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