Le Journal de Montreal

Course vers le Canada avant le retour du visa obligatoir­e

De nombreux Mexicains ont été pris de court par l’annonce du fédéral

- NORA T. LAMONTAGNE

Des Mexicains se sont précipités dans les aéroports afin d’entrer au Canada avant le retour du visa obligatoir­e pour plusieurs d’entre eux depuis hier, tard en soirée.

« Quand on a atterri, les Mexicains criaient “laissez-nous sortir en premier !” On a débarqué et tout le monde s’est mis à courir vers les douanes. On était une trentaine sur le vol », a raconté en espagnol Karen Navarro, rentrée de justesse à Montréal.

La mère et ses deux enfants étaient dans leur pays d’origine quand ils ont appris que le Canada recommence­rait à exiger un visa à certaines catégories de ressortiss­ants mexicains, dont eux.

Cette décision du gouverneme­nt Trudeau vise à freiner la hausse du nombre de demandeurs d’asile en provenance du Mexique. En 2023, près de 24 000 d’entre eux avaient demandé refuge au Canada, soit le triple de l’année précédente.

Nos voisins américains ont aussi mis de la pression pour le retour du visa obligatoir­e pour les visiteurs, puisque de plus en plus de Mexicains transitent par l’Ontario et le Québec pour ensuite traverser illégaleme­nt la frontière avec les États-Unis.

La mesure est entrée en vigueur jeudi à 23 h 30, quelques heures seulement après son annonce officielle le matin même.

« UN STRESS HORRIBLE »

Sur les conseils d’une avocate, Karen Navarro a donc décidé de devancer au plus vite le retour de sa petite famille, même si les nouveaux billets lui ont coûté toutes ses économies pour une voiture, soit 3600 $.

Or, leur vol Mexico-Toronto a été retardé de plusieurs heures, ce qui a failli compromett­re le plan.

« J’ai vécu un stress horrible dans l’avion. On est arrivés à 23 h 34, mais ils nous ont laissés passer », s’est-elle remémoré, les traits tirés par l’émotion et la fatigue, aux côtés de son conjoint qui l’attendait à Montréal.

Quelques visiteurs mexicains ont vraisembla­blement été refusés au point d’entrée de Montréal-Trudeau pendant la nuit puisqu’ils n’avaient pas les nouveaux documents requis.

Au moins quatre d’entre eux ont dû racheter un billet Montréal-Mexico, selon une agente du comptoir d’Aeromexico qui a témoigné sous le couvert de l’anonymat.

EN ATTENDANT LE VISA

D’autres Mexicains auront plutôt décidé de repousser leur voyage en attendant de recevoir le nouveau visa exigé par le Canada. Le site d’Immigratio­n Canada indique que le délai moyen pour l’obtenir est de 40 jours.

« Il y a des employeurs qui attendent leurs travailleu­rs et qui ne seront pas là. J’en ai cinq aujourd’hui qui avaient un vol vers Halifax et qui ne viendront pas », a témoigné Céline Thériault, agente de liaison pour Arimé, qui accompagne des employeurs pour recruter de la maind’oeuvre étrangère.

Depuis décembre 2016, les Mexicains n’avaient besoin que d’une simple autorisati­on de voyage électroniq­ue pour entrer au Canada, comme la plupart des Européens.

« J’AI VÉCU UN STRESS HORRIBLE DANS L’AVION. ON EST ARRIVÉS À 23 H 34, MAIS ILS NOUS ONT LAISSÉS PASSER »

– Karen Navarro

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PHOTO NORA T. LAMONTAGNE Karen Navarro et ses enfants, Julián et Regina, ont pu rentrer au Canada de justesse, le 29 février à 23 h 34, après la réimpositi­on des exigences de visa pour plusieurs Mexicains.

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