Le Journal de Montreal

« On est les enfants pauvres du système d’urgence »

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Heures supplément­aires sans préavis, détresse humaine au quotidien, stress : les paramédics travaillen­t dans des conditions difficiles qui se dégradent, déplore un travailleu­r de 40 ans d’expérience qui apprécie tout de même la grande confiance du public.

« On est les enfants pauvres du système d’urgence », résume Gaétan Dutil, président du syndicat CSN qui représente 7000 paramédics de la Montérégie.

« On sait à quelle heure on commence, on ne sait pas si on va manger et on ne sait pas à quelle heure on va finir », résume-t-il.

CONDITIONS DÉGRADÉES

Voilà 40 ans que M. Dutil exerce ce métier qu’il adore, dans la région de Salaberry-de-Valleyfiel­d. Depuis les années 1980, il constate que les conditions de travail se sont dégradées, notamment en raison des heures supplément­aires obligatoir­es.

Récemment, Le Journal publiait un dossier sur les difficulté­s des paramédics à répondre aux demandes urgentes dans les délais dans plusieurs municipali­tés du Québec, en raison du manque d’effectifs.

Pour les jeunes travailleu­rs, la conciliati­on travail-famille est un enjeu majeur puisqu’ils ne savent jamais s’ils arriveront à temps à l’école ou à la garderie en fin de journée.

«Sijefinisà­18hetqu’ilyaunappe­là 17 h 58, c’est clair qu’on va m’envoyer et ça va prendre 1 h 30 », donne-t-il en exemple.

Les paramédics gagnent au maximum 39 $ l’heure, ce qui est moins que les infirmière­s, les policiers et les pompiers. Pour M. Dutil, cela n’aide pas à valoriser la profession.

Pourtant, ils sont souvent les premiers à intervenir sur des scènes de détresse au quotidien : enfants maltraités, femmes agressées, crimes violents, accidents mortels, etc.

« On voudrait que ce soit reconnu à sa juste valeur qu’on a un métier exigeant, précise-t-il. Je n’appelle pas ça un métier, c’est une vocation. C’est tellement dur psychologi­quement. »

« ÇA FAIT MA JOURNÉE »

Malgré tout, il se réconforte de savoir que la population apprécie autant leur travail.

« Ça nous fait chaud au coeur. Quand quelqu’un me dit merci, ça fait ma journée. Ça veut dire que ma job a été bien faite. »

« ON VOUDRAIT QUE CE SOIT RECONNU À SA JUSTE VALEUR QU’ON A UN MÉTIER EXIGEANT. JE N’APPELLE PAS ÇA UN MÉTIER, C’EST UNE VOCATION. »

– Gaétan Dutil, paramédic

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