Le Journal de Montreal

Des accusés du clan Turmel collaboren­t avec la police

La loyauté envers ce caïd à la tête du gang rival des Hells Angels à Québec semble s’effriter

- ERIC THIBAULT, FÉLIX SÉGUIN ET KATHRYNE LAMONTAGNE Bureau d’enquête

Les policiers ont réussi à obtenir la collaborat­ion d’une bonne demidouzai­ne d’individus parmi les suspects appréhendé­s depuis une semaine, dans la région de Québec, en lien avec la flambée de violence attribuabl­e au gang du caïd Dave « Pic » Turmel.

C’est ce qu’a appris notre Bureau d’enquête auprès de sources bien au fait de l’opération Scandaleux, où plusieurs corps policiers épaulent la Sûreté du Québec afin de freiner la vague d’attaques armées dans la guerre des stupéfiant­s que le gang de Turmel mène contre les Hells Angels depuis un an.

D’après nos sources, les aveux et la collaborat­ion d’autant d’accusés sont un signe révélateur que la loyauté des troupes de Turmel, le jeune leader du BFM (Blood Family Mafia), serait en train de s’effriter.

En effet, il est rare qu’une proportion aussi importante de suspects ciblés lors d’une rafle policière accepte d’aider les enquêteurs en faisant des déclaratio­ns.

On peut en déduire que ces accusés volubiles cherchent à prendre leurs distances de « Pic » Turmel, tout en espérant que leur collaborat­ion avec la police se traduise éventuelle­ment par une justice plus clémente.

Ainsi, les enquêteurs ont pu apprendre une foule de détails sur la planificat­ion des complots et des méthodes d’intimidati­on du BFM, d’après nos sources.

Entre autres, sur la façon dont ils parviennen­t à recruter les soldats de leurs commandos chargés de kidnapper, de tabasser et même de torturer leurs opposants en les mutilant.

LE SILENCE, UNE RÈGLE D’OR

Habituelle­ment, les policiers n’ont pas autant de succès lorsqu’ils interrogen­t des trafiquant­s et des hommes de main reliés à des organisati­ons criminelle­s aguerries, comme les Hells Angels et la mafia montréalai­se.

La consigne du silence en pareilles circonstan­ces est une règle d’or au sein de ces factions dominantes du crime organisé au pays et leurs subalterne­s se montrent peu bavards.

INTERPOL SE FAIT ATTENDRE

Dave Turmel, qui est recherché par la police de Québec depuis juillet 2023 pour trafic de drogue et agression armée, est toujours en cavale à l’extérieur du pays et se cacherait présenteme­nt au Portugal, d’où il dirige sa guerre à distance contre les Hells québécois, selon nos informatio­ns.

En date d’hier, le caïd de 27 ans ne faisait toujours pas l’objet d’un avis de recherche internatio­nal, malgré des démarches des autorités canadienne­s qui sont en cours depuis plusieurs semaines visant à obtenir l’interventi­on de l’agence Interpol pour pouvoir mieux le traquer en Europe.

Questionné­e par notre Bureau d’enquête sur l’évolution de ces démarches, la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC), qui gère le bureau d’Interpol à Ottawa, n’a pas souhaité commenter directemen­t le dossier Turmel.

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 ?? PHOTOS STEVENS LEBLANC ET FOURNIE PAR LE SPVQ ?? Les corps policiers ont fait le point jeudi sur l’opération Scandaleux, qui vise à mettre un terme à la guerre des stupéfiant­s à Québec. On voit ici Michel Patenaude, de la Sûreté du Québec, Marie-Manon Savard, de la police de Québec, et Réjean Langlois, de la police de Lévis. Ci-contre, Roobens Denis (à gauche), bras droit du caïd Dave « Pic » Turmel, a été arrêté jeudi à Lisbonne, au Portugal.
PHOTOS STEVENS LEBLANC ET FOURNIE PAR LE SPVQ Les corps policiers ont fait le point jeudi sur l’opération Scandaleux, qui vise à mettre un terme à la guerre des stupéfiant­s à Québec. On voit ici Michel Patenaude, de la Sûreté du Québec, Marie-Manon Savard, de la police de Québec, et Réjean Langlois, de la police de Lévis. Ci-contre, Roobens Denis (à gauche), bras droit du caïd Dave « Pic » Turmel, a été arrêté jeudi à Lisbonne, au Portugal.

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