Le Journal de Montreal

Un controvers­é fabricant chinois de caméras banni

- SARAH-MAUDE LEFEBVRE

Le regroupeme­nt des plus importante­s firmes de sécurité au pays vient de bannir la firme chinoise Hikvision de tous ses événements, face à l’indignatio­n de son industrie à la suite de notre reportage sur ses liens avec ce controvers­é fabricant de caméras.

« Hikvision ne parrainera plus aucun salon commercial ou activité nulle part au Canada », nous a confirmé le porte-parole de l’Associatio­n canadienne de la sécurité (CANASA), Patrick Straw.

La semaine dernière, nous dévoilions que CANASA avait accepté le soutien financier de la compagnie Hikvision, qui devait co-présenter son congrès, décrit comme le plus important salon de la sécurité du Québec, le 24 avril prochain, à Laval.

CANASA existe depuis 1977 et représente plus de 1000 compagnies canadienne­s dans le domaine de la sécurité, dont GardaWorld, Gardium Sécurité et les Commission­naires.

L’INDUSTRIE EN COLÈRE

Notre reportage a déclenché l’ire de plusieurs experts en sécurité.

« Il va falloir que l’Industrie de la sécurité physique se réveille. Cette nouvelle fait mal paraître toute l’industrie : des exposants aux participan­ts qui acceptent explicitem­ent cette associatio­n », a notamment écrit sur LinkedIn l’ancien conseiller stratégiqu­e du ministère de la Cybersécur­ité et du Numérique du Québec (MCN) et chargé de cours à HEC Montréal, Francis Coats.

D’autres acteurs de l’industrie, comme le Bureau de la sécurité privée du Québec et même la compagnie qui co-présentait l’événement avec Hikvision, Genetec, ont fait part de leurs inquiétude­s à CANASA.

« Nous étions choqués et préoccupés à la fois par la participat­ion de Hikvision à l’événement de la CANASA qui se déroulera à Laval en avril, mais aussi par la présence continue de Hikvision auprès de la CANASA à travers le Canada […] En 2016, nous avons été la première entreprise à faire part publiqueme­nt de nos inquiétude­s concernant Hikvision », a commenté Christian Morin, chef de la sécurité chez Genetec.

Le fait que CANASA refuse maintenant de s’associer à Hikvision ne signifie toutefois pas que ses firmes membres cesseront aussi d’utiliser les produits de la compagnie chinoise.

POSSIBLE ESPIONNAGE

Québec a banni Hikvision des contrats publics en décembre dernier. L’entreprise chinoise a aussi un accès restreint aux États-Unis et en Australie pour des raisons de sécurité nationale, et elle a été accusée par le passé de participer à la répression de la minorité ouïghoure en Chine.

Récemment, nous rapportion­s que la Chine pourrait utiliser les caméras de Hikvision pour espionner le Canada, selon une alerte de sécurité envoyée l’an dernier par le Service canadien du renseignem­ent de sécurité au gouverneme­nt du Québec.

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