Le Journal de Montreal

« Est-ce que c’est cette vie-là que je veux ? »

- VALÉRIE GONTHIER

Il aura fallu qu’Andrès soit incarcéré quatre ans dans un pénitencie­r fédéral pour qu’il réalise que sa vie de criminel ne lui convenait plus.

« D’un côté, j’y voyais une occasion pour profiter de cette école. En détention, j’étais avec des gars de la mafia, de gangs de rue », lance-t-il.

Il l’avoue : il en venait même à valoriser, au début, le fait de se retrouver derrière les barreaux.

« J’ai eu l’impression d’avoir réussi quelque chose, j’étais un caïd », raconte-t-il.

Puis, avec tout le temps qu’il avait pour lui, il a pu réfléchir.

« J’ai repassé dans ma tête toutes les fois où, dehors, j’étais stressé. Je me suis demandé : est-ce que c’est cette vie-là que je veux ? » ajoute-t-il.

« UN MAUVAIS CRIMINEL »

Édouard aussi, un jour, en a eu assez de son mode de vie criminel.

« Quand je participai­s, je n’étais jamais bien. Je me disais toujours : qu’est-ce que je suis en train de faire ? J’étais un mauvais criminel, je me remettais toujours en question », se souvient-il.

Andrès et Édouard acceptent de partager leur expérience publiqueme­nt dans le cadre de la Semaine de la lutte contre l’exploitati­on sexuelle des mineurs qui débute aujourd’hui. Ils désirent toutefois taire leur nom de famille, afin de ne pas nuire à la deuxième chance que la vie leur offre.

Ils n’entrent pas non plus dans les détails de leurs délits, afin de ne pas donner l’impression que leur vie d’avant était digne d’un film d’action.

« On s’assure de faire comprendre aux jeunes qu’il n’y a rien de glorifiant dans notre témoignage », précise Andrès.

D’ailleurs, lorsqu’il partage son expérience avec des contrevena­nts, il insiste pour être sincère avec eux : oui, c’est payant la criminalit­é ! Sinon, il n’y aurait pas de gang, pas de proxénétis­me. Mais ce luxe vient avec des conséquenc­es.

LA PRISON OU LA MORT

« Il y a des proxénètes qui se retrouvent au top. Mais avant d’arriver là, soit tu te fais emprisonne­r, soit tu meurs. Alors quel est le prix à payer pour faire de l’argent ? » insiste-t-il.

« Ce n’est même plus de savoir si ça va te coûter cher de commettre des crimes, mais plutôt quand », ajoute Édouard.

Lui n’a jamais été condamné pour des délits, mais il a vu autour de lui plusieurs personnes prendre le chemin de la prison.

Il a alors tranquille­ment pris ses distances et s’est lancé dans le sport, dont le football, ce qui l’a aidé.

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