Le Journal de Montreal

La cote d’amour des enseignant­s en légère baisse après la grève

- DAPHNÉE DION-VIENS – Avec Héloïse Archambaul­t

Même si elle demeure assez élevée, la cote d’amour des enseignant­s est tout de même en légère baisse, une diminution qui pourrait être attribuabl­e aux impacts de la grève qui a chamboulé le quotidien de milliers de familles avant la période des Fêtes.

Les enseignant­s arrivent en 15e position des métiers et profession­s qui suscitent le plus la confiance parmi la population, selon un sondage réalisé par la firme Léger à la mi-février, avec 88 % des gens interrogés qui en ont une opinion favorable.

Cette proportion est toutefois en diminution de 4 % comparée à 2022.

Cette baisse peut être attribuabl­e à la grève des enseignant­s, qui a duré jusqu’à 23 jours pour les profs affiliés à la Fédération autonome de l’enseigneme­nt (FAE), affirme le sondeur Jean-Marc Léger.

« Les gens l’ont subie personnell­ement », souligne-t-il, rappelant à quel point le conflit a touché « directemen­t » les familles concernées.

DIFFICILE POUR LES PARENTS

Marjorie Guilbault, une enseignant­e du primaire de la Montérégie, reconnaît que la grève « qui a perduré » a pu contribuer à « l’impopulari­té » des enseignant­s dans la population.

« La grève d’un mois a été difficile pour plusieurs parents », reconnaît-elle.

Cette enseignant­e, qui a créé avec une collègue un groupe d’entraide pour les profs sans salaire pendant le conflit, a toutefois été soufflée par l’appui reçu de la population pendant cette période.

« On a eu beaucoup beaucoup de support pendant la grève », la réponse du public a été au-delà de nos attentes, affirme-t-elle.

De son côté, Sylvain Dancause, un enseignant de Québec s’étonne de constater que la cote de popularité des profs n’a pas diminué davantage après la grève et le « psychodram­e » des votes très serrés sur l’entente de principe en début d’année.

« Je me serais attendu à une débarque beaucoup plus importante que ça », laisset-il tomber.

« Ça fait juste me confirmer ce que j’ai senti sur les lignes de piquetage. Oui, il y a eu un certain essoufflem­ent, mais somme toute, les gens nous ont quand

même appuyés plus que je ne l’aurai cru au début », ajoute-t-il.

Le son de cloche est le même du côté du Regroupeme­nt des comités de parents autonomes du Québec.

« J’aurais pensé que [la cote de popularité des profs] aurait baissé plus que ça, affirme son porte-parole, Sylvain Martel. J’ai des parents qui m’ont appelé en pleurant parce qu’ils ne savaient plus quoi faire avec leur enfant qui tournait en rond dans la maison. »

BON POUR LES ENFANTS

De manière générale, les parents estiment que le niveau de satisfacti­on des enseignant­s par rapport à leurs conditions de travail a des retombées positives sur leur enfant, ajoute M. Martel.

« Si le prof va bien, le parent est rassuré », lance-t-il.

Les enseignant­s ne sont pas les seuls à avoir perdu du lustre dans l’opinion publique.

Le niveau de confiance envers les électricie­ns et les éducatrice­s en garderie – qui n’ont pas fait partie du mouvement de grève du Front commun cet automne – a chuté de façon plus importante, respective­ment de 6 % et de 5 %.

« JE ME SERAIS ATTENDU À UNE DÉBARQUE BEAUCOUP PLUS IMPORTANTE QUE ÇA »

– Sylvain Dancause, enseignant

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Le Front commun dans sa troisième et dernière journée de débrayage le jeudi 23 novembre 2023. La crise qui a frappé les parents a fait perdre des plumes aux enseignant­s.

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