Le Journal de Montreal

Une consommati­on remise en question

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Tout un pan de ma vie sociale tourne autour de l’alcool, et des changement­s s’imposent à cet égard.

Pour de nombreux participan­ts, le mois sans alcool amène des remises en question sur sa consommati­on, et j’en fais partie.

Une partie de mon cercle d’amis ne faisait pas le défi, et je ne les ai pratiqueme­nt pas vus durant le mois de février. Au début, je me disais que c’était pour éviter de succomber à la tentation et de me faire boire dans la face.

Or, cela m’a fait prendre conscience que je vois la plupart du temps mes amis autour d’un verre, et c’est quelque chose que j’aimerais changer. Je compte donc trouver de nouvelles activités à faire avec eux.

Sur le long terme, cela me permettra probableme­nt de réduire la quantité d’alcool que je consomme.

« LA QUESTION QUI TUE »

Qu’est-ce qu’une consommati­on problémati­que ? Pensées intrusives, perte de contrôle sur les quantités, impacts sur la vie des autres : plusieurs signes peuvent nous aider à savoir si notre rapport à l’alcool est malsain.

En terminant le défi sans alcool, je me suis demandé si ma consommati­on d’alcool était problémati­que ?

« C’est la question qui tue. Et ce n’est pas facile d’y répondre », lance d’entrée de jeu Jean-Marie-Lapointe, ambassadeu­r du Défi 28 jours organisé par la Fondation Jean Lapointe.

Car il existe des zones grises entre le stéréotype de l’alcoolique qui ne peut pas se passer de sa bouteille de whisky et celui d’une consommati­on parfaiteme­nt saine.

« Culturelle­ment, l’alcool occupe une place importante. Il y a beaucoup de gens qui consomment de façon problémati­que, mais à qui ça va prendre beaucoup de temps pour s’en rendre compte parce que c’est tellement présent », fait savoir la Dre Catherine de

Montigny, spécialisé­e en médecine des toxicomani­es au Centre hospitalie­r de l’Université de Montréal (CHUM).

DES CRITÈRES À GARDER EN TÊTE

La Dre de Montigny se base sur plusieurs critères pour déterminer si un patient a un problème d’alcool.

Il y a notamment la perte de contrôle de la consommati­on. « Initialeme­nt, on voulait prendre deux verres et c’est très dur de s’arrêter », dit-elle.

Il y a aussi les envies de boire qui se manifesten­t de plus en plus.

Enfin, il y a le temps qui est dévoué à boire ou à récupérer des effets de l’alcool, et les impacts que cela peut avoir sur les différente­s sphères de la vie, autant personnell­e que profession­nelle.

« C’est quand on regarde l’ensemble du portrait qu’on dit [dans certains cas] : on est vraiment en train de mettre le pied dans le trouble d’usage et on n’est plus dans une consommati­on », souligne-t-elle.

Fait à noter : les quantités d’alcool par semaine recommandé­es par Santé Canada, soit 10 verres pour les femmes et 15 verres pour les hommes, ne sont pas nécessaire­ment des bons repères pour savoir si nous sommes dépendants. « On peut consommer en grande quantité sans avoir des critères du trouble d’usage. »

SURVEILLER SES PENSÉES

De son côté, Jean-Marie Lapointe qui a arrêté de consommer toute substance il y a 15 ans estime que des pensées intrusives peuvent être synonymes d’un problème.

« Combien de temps par jour je vais accorder par mes pensées à ma consommati­on ? Quand on commence à avoir des obsessions, c’est là qu’on peut se poser la question. Est-ce que je me dirige vers une vraie dépendance ? », questionne-t-il.

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JEAN-MARIE LAPOINTE Ambassadeu­r du Défi

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