Le Copperfield de la justice va s’en sortir encore une fois
Il est le Houdini des magouilles politiques, le David Copperfield de la justice américaine, le Alain Choquette des causes désespérées. Donald Trump continue de trouver le moyen d’échapper à ce qui mettrait n’importe qui d’autre à la rue et ferait éclater
La Cour suprême des États-Unis a accepté cette semaine de se pencher sur les prétentions de Donald Trump de posséder une immunité complète pour tous les gestes qu’il a posés du temps de sa présidence.
Au coeur de cette démarche, la volonté d’échapper aux plus solides accusations criminelles portées contre lui, celles d’avoir cherché à inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020, d’avoir abjuré son serment solennel de « préserver, protéger et défendre la Constitution des États-Unis ».
CITOYEN TRUMP
En début février, la cour fédérale d’appel du District de Columbia, dans une décision s’étalant sur cinquante-sept pages et saluée pour sa rigueur, avait rejeté les doléances de l’ancien président.
Si, précisait-on, un président en exercice est temporairement à l’abri de poursuites, « l’ancien président Trump est devenu le citoyen Trump ».
Le plus haut tribunal américain, en décidant d’entendre l’appel des avocats de Trump, a fixé la plaidoirie au 22 avril, ce qui mènerait vraisemblablement au dépôt d’une décision vers la fin du mandat de la Cour, à la fin juin.
Un retard en engendrant un autre, la juge dans le dossier, Tanya Chutkan, ne pourrait sérieusement pas entamer un procès avant la fin septembre, c’est-à-dire cinq semaines seulement avant l’élection présidentielle.
Facile, à ce moment-là, pour Trump et ses partisans de crier à l’ingérence politique, alors que le candidat républicain serait contraint de passer les cinq dernières semaines de la campagne électorale dans un palais de justice plutôt que sur les routes du pays.
La juge Chutkan n’aurait d’autres options que de retarder le procès jusqu’après l’élection, ce qui signifierait que si Trump en sortait gagnant, le procès n’aurait jamais lieu.
UN SYSTÈME LÉGAL USÉ ET ABUSÉ
Tout au long de sa vie publique, d’homme d’affaires et de politicien, Donald Trump a poussé la justice américaine jusque dans ses derniers retranchements. Que ce soit à la suite de poursuites de locataires dans ses propriétés ou des désastres commerciaux comme il en a tant connu (faillite de ses casinos, échec de la Trump Shuttle, sa compagnie aérienne, de la Trump University ,dela Trump Vodka ou du Trump Mortgage), le promoteur immobilier recyclé en candidat à la présidence s’est démarqué par les retards, les appels et le report d’ententes jusqu’à ce que l’autre partie s’épuise.
Il est aussi parvenu à épuiser les Américains qui, après l’avoir entendu émettre des propos disgracieux à l’égard des femmes dans une vidéo de « Access Hollywood », après avoir pris connaissance d’allégations de relation adultère avec une actrice porno, alors que sa femme était enceinte ou des accusations d’inconduite sexuelle de la part de vingt-six femmes – lèvent maintenant les épaules en apprenant qu’il doit verser des dizaines de millions de dollars à une femme qu’il continue d’insulter après avoir été condamné pour agression sexuelle.
L’élection présidentielle ne se tiendra que dans huit mois. Si le vote devait avoir lieu aujourd’hui toutefois, Trump l’emporterait sur Biden et retournerait à la Maison-Blanche par la grande porte.