Le Journal de Montreal

UNE CIBLE DANS LE DOS

La signature de Donald Brashear avec les Marquis a assurément créé un buzz à Jonquière

- JONATHAN BERNIER

SOREL | La signature de Donald Brashear avec les Marquis a assurément créé un buzz à Jonquière. Mais l’effervesce­nce ne s’est pas transposée aux autres villes du circuit.

C’est plutôt tranquille au colisée Cardin. À peine 790 personnes. La norme pour un samedi soir. Ici, à Sorel, les grosses soirées sont les jeudis et vendredis. La visite de Brashear, à elle seule, n’est pas suffisante pour changer les vieilles habitudes.

Ça n’empêche pas quelques irréductib­les partisans des Éperviers de prendre place tout près du banc des visiteurs pour invectiver les joueurs des Marquis.

« Fais attention pour ne pas tomber, Donald. À l’âge que tu as, tu vas être obligé de te faire remplacer une hanche », lance l’un d’entre eux, dès les premiers instants de la rencontre.

Toute la soirée, Brashear aura maille à partir avec les deux frères Malouin. Jérémie, reconnu pour allumer les feux, et Danick, celui qui les éteint. Les deux frères, deux anciens des Marquis, semblent s’être passé le mot.

En l’absence de Gaby Roch, l’homme fort des Éperviers, Danick devient l’homme de main de l’entraîneur Christian Deschênes. D’ailleurs, le propriétai­re, directeur général et entraîneur-chef des Éperviers n’a même pas tenté de renflouer sa formation.

« Des gars comme Donald, à 52 ans, [Brett] Gallant, qui a joué 10 ans dans la Ligue américaine, et [Pierre-Cédric] Labrie, ce sont les derniers des Mohicans. Des gars comme ça, âgés dans la vingtaine, il n’y en a plus », a-t-il indiqué à l’auteur de ces lignes.

« Oui, dans le senior AAA, la ligue en dessous, il y a des gars qui sont là juste pour ça. Mais ce sont de gros bras sans équilibre, a ajouté Deschênes, qui a lui-même connu une brillante carrière dans la LNAH après quelques saisons passées en France. Mettons que j’en trouve deux de même et que je les envoie contre Donald à soir, c’est sûr que les gars vont se faire défoncer. »

UN CLIENT RECHERCHÉ

Le stratagème est le même tout au long du match. Jérémie picosse Brashear et Danick s’approche pour l’inviter. Chaque fois, l’ancien joueur du Canadien échange quelques mots avec son assaillant et tourne les talons.

« Ça fait trois matchs qu’on joue contre eux et chaque fois, il fait la même chose, racontera Brashear, une fois de retour au vestiaire. Il essaie de me forcer à pogner des deux [minutes de pénalité]. À soir, j’ai décidé que je jouais la même game que lui. »

« J’ai fait ce que j’avais à faire, a répliqué Malouin, dans l’un des corridors du colisée Cardin. Il se sert beaucoup de ce qu’il a accompli dans sa carrière pour dire “c’est sûr que t’as peur”. Le gars a 52 ans et tu vois qu’il est encore solide. Mais je n’ai pas à reculer devant lui. »

Cette game, dont parlait l’attaquant des Marquis, c’est de tirer le chandail, donner un petit coup de bâton dans les mollets par-ci, une poussée sur l’épaule par là. Des gestes qui font monter la frustratio­n chez les partisans des Éperviers.

« T’es plus brave de dos Brashear ! Tu dois être dangereux dans les douches », lance l’un d’entre eux, peu subtil ». Brashear ne bronche pas.

« Ça ne me dérange plus trop, trop. Les niaiseries, je les ai pas mal toutes entendues, laisse-t-il tomber. Ça a toujours été comme ça, dans toutes les ligues. Les gens crient toute sorte d’affaires, ils veulent voir de la bataille. Même dans la Ligue nationale, c’était pareil. »

Il obtiendra vengeance en préparant l’un des six buts de son équipe et en permettant à son unité d’obtenir quelques occasions de marquer.

D’ailleurs, cette mention d’assistance mettra la table à une séquence de quatre matchs avec au moins un point pour Brashear. Pas mal !

« Fais attention pour ne pas tomber, Donald. À l’âge que tu as, tu vas être obligé de te faire remplacer une hanche »

RESPECT MUTUEL

Cela dit, l’aîné des frères Malouin a le physique de l’emploi. À 6 pieds, 4 pouces, il est l’un des rares à pouvoir regarder Brashear (6 pieds, 3 pouces) directemen­t dans les yeux.

« À la grosseur qu’il a, c’est sûr qu’il doit être tough », reconnaît Brashear.

À défaut de pouvoir ajouter le nom de Brashear à son CV somme toute bien garni, le gaillard de 33 ans pourra à tout le moins se vanter d’avoir été reconnu, jusqu’à un certain point, par le légendaire bagarreur. Le respect est mutuel, il va sans dire. « J’ai tout le respect du monde pour ce gars-là, pour ce qu’il a accompli dans sa carrière. Il a joué au-dessus de 1000 matchs et il s’est battu contre tous les plus toughs. En plus, je suis persuadé que c’est un bon gars. »

C’est-tu beau pareil, hein !

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PHOTO AGENCE QMI, STEVE GAUTHIER Lors du passage des Marquis à Sorel, Donald Brashear a eu maille à partir avec Danick Malouin jusqu’au son de la sirène. Le combat n’a finalement pas eu lieu.
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PHOTOS DIDIER DEBUSSCHER­E ET AGENCE QMI, STEVE GAUTHIER 1. Récemment, Donald Brashear a connu une séquence de quatre matchs avec au moins un point. 2. Dans le vestiaire, le vétéran est un allié de taille pour l’entraîneur-chef Bob Desjardins. 3. Même s’il est loin des conditions de la LNH, Brashear est toujours animé par la même passion.

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