Le Journal de Montreal

100 000 $ pour une chute au club de tricot de la ville

Une citoyenne d’Huberdeau s’est cassé les jambes en tombant dans le corridor

- CAMILLE PAYANT

Une petite municipali­té des Laurentide­s vient d’être condamnée à verser 100 000 $ à une de ses citoyennes qui s’est cassé les deux jambes lors d’une chute dans un corridor de l’hôtel de ville.

Comme chaque mercredi, Marguerite Guindon s’est mise en route vers la bibliothèq­ue d’Huberdeau, située au deuxième étage de l’édifice municipal, pour participer à son club de tricot le 4 décembre 2019.

Une fois à l’hôtel de ville, la sexagénair­e a monté l’escalier « lentement et prudemment » en tenant la rampe de la main droite et sa canne de la main gauche. Mais une fois au palier, son pied s’est coincé dans le surtapis qui s’y trouve en permanence et elle a été projetée au sol sur cinq pieds.

Elle a été transporté­e en ambulance à l’hôpital de Saint-Jérôme, où on lui a diagnostiq­ué des fractures aux deux fémurs et une déchirure de tendons à la main gauche.

La retraitée du milieu de l’éducation, qui a été hospitalis­ée 19 jours, a dû subir plusieurs chirurgies. Elle est également retournée sur la table d’opération en 2022 afin de soulager la douleur à l’une de ses jambes.

Mme Guindon est désormais limitée dans ses activités au quotidien. Elle est en mesure de marcher sans aide, mais sur de courtes distances, et devient rapidement fatiguée.

INSTALLATI­ONS DANGEREUSE­S

La dame aujourd’hui âgée de 69 ans reproche à la municipali­té d’avoir toléré « l’installati­on dangereuse d’un tapis » et d’avoir omis « de doter les lieux d’une rampe courante suffisamme­nt longue pour pallier [les] risques de chute ».

Des employées municipale­s ont témoigné n’avoir auparavant jamais été témoins d’incidents avec le surtapis, qui n’était pas fixé au sol, ni de plaintes à l’égard de l’aménagemen­t des lieux.

Ce tapis a toutefois été retiré après l’accident et n’a jamais été remis depuis.

La municipali­té d’Huberdeau s’est défendue en affirmant que la chute avait été causée par « une faiblesse des membres inférieurs de Mme Guindon et que cette faiblesse est imputable à une condition préexistan­te dont elle souffre, soit une sclérose en plaques ».

LA JUGE TRANCHE

« La Municipali­té a l’obligation de s’assurer que cet accès soit accessible de façon sécuritair­e pour toute personne, peu importe son âge et sa condition », a toutefois conclu la juge Annie Breault la semaine dernière au palais de justice de Saint-Jérôme.

La magistrate a ainsi accordé 40 000 $ en équipement­s à Mme Guindon afin qu’elle puisse adapter sa maison à sa nouvelle réalité et 60 000 $ en dommages non pécuniaire­s.

Le maire d’Huberdeau, Benoit Chevalier, s’est dit « un peu déçu » du jugement, précisant qu’il n’y a « pas de gagnant dans cette histoire, puisque c’est toujours malheureux quand quelqu’un se blesse ».

La Municipali­té ne compte pas porter le jugement en appel. L’avocat de Marguerite Guindon, Jean Morissette, n’a pas souhaité faire de commentair­es.

Newspapers in French

Newspapers from Canada