Le Journal de Montreal

Hausse du décrochage chez les gars

Dans le réseau public, près d’un adolescent sur cinq a abandonné ses études secondaire­s durant l’année 2020-21

- DAPHNÉE DION-VIENS

Dans les écoles publiques québécoise­s, près d’un garçon sur cinq a abandonné ses études secondaire­s pendant la pandémie. Dans certaines régions, cette proportion s’élève même à plus de 30 %.

Le ministère de l’Éducation a rendu publiques récemment ses plus récentes données concernant le « taux de sortie sans diplôme ni qualificat­ion », qui remontent à 2020-2021. Pour établir cet indicateur, le ministère de l’Éducation tient compte du nombre de jeunes qui fréquentai­ent une école secondaire en 2020-2021, comparé à ceux qui ont poursuivi leurs études l’année suivante, en 2021-2022. Résultat : pour l’ensemble du réseau scolaire, ce taux est demeuré relativeme­nt stable, étant passé de 13,5 % à 13,8 % en un an.

La hausse du décrochage est toutefois plus importante dans les rangs des garçons fréquentan­t une école publique : cette proportion est passée de 18 % en 2019-2020 à 19,4 % en 2020-2021.

Dans certains centres de services scolaires situés en Outaouais, dans Lanaudière, en l’Estrie et en Mauricie, ce chiffre s’élève même à plus de 30 % (voir tableau).

Cet indicateur est celui qui se rapproche le plus du taux de décrochage, mais il n’est toutefois pas parfait puisqu’il comprend aussi des jeunes qui ont déménagé à l’extérieur de la province.

Dans la région de l’Outaouais, le phénomène du décrochage pourrait donc être légèrement surévalué en raison de sa proximité avec l’Ontario.

« PETIT RESSAC »

La pandémie a donné lieu à un « petit ressac », constate Frédéric Guay, qui est professeur à l’Université Laval et titulaire d’une chaire de recherche sur la motivation et la réussite scolaire.

Sans surprise, la crise sanitaire et ses chambardem­ents pourraient avoir eu des effets plus prononcés chez les élèves en difficulté, qui sont majoritair­ement des garçons, souligne-t-il.

Ces élèves ont pu être davantage « découragés » ou « démotivés » par l’enseigneme­nt en ligne.

Il faudra patienter encore un peu avant de savoir si cette remontée s’inscrit dans une tendance ou s’il s’agit plutôt de soubresaut­s liés à la pandémie, souligne M. Guay.

BAISSE ET REMONTÉE

Depuis le début des années 2000, le taux de décrochage est en baisse constante au Québec, mais il a toutefois connu une légère remontée à partir de 2015, constate-t-on dans le rapport du ministère.

Par ailleurs, « le taux de sorties sans diplôme ni qualificat­ion observée chez les garçons demeure nettement plus élevé que celui observé chez les filles, et ce, malgré une grande améliorati­on au cours des deux dernières décennies », peut-on lire.

En 2018-2019, le taux de décrochage chez les garçons inscrits dans les écoles publiques dépassait d’ailleurs celui atteint pendant la pandémie, se situant alors à 20,4 %.

L’écart observé entre les garçons et les filles est toutefois en baisse, ayant même diminué de moitié depuis vingt ans.

EN TEMPS RÉEL

De son côté, l’expert Égide Royer estime qu’il est temps que le ministère se dote de données qui permettent d’avoir un portrait beaucoup plus actuel de la situation.

« Le ministère a une approche passive, ça prendrait des données beaucoup plus à jour affirme ce psychologu­e et spécialist­e de la réussite scolaire. Plus de 10 000 jeunes qui sortent sans diplôme, dont une majorité de garçons, c’est encore trop. »

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PHOTO D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC La pandémie pourrait avoir eu des effets sur le décrochage scolaire, en particulie­r sur les garçons.

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