Le Journal de Montreal

Elle aurait conduit malgré la fatigue

Une femme accusée d’avoir happé à mort une cycliste

- LAURENT LAVOIE

Une Montréalai­se accusée au criminel d’avoir happé à mort une cycliste aurait avoué dans les instants qui ont suivi le drame avoir conduit malgré sa fatigue et s’être endormie au volant, apprend-on dans une récente décision du tribunal.

« J’étais juste tellement fatiguée. Je voulais juste un iced-capp [café glacé] », aurait affirmé en anglais Christine Pryde, s’adressant à une citoyenne, le 18 mai 2021.

Quelques instants auparavant, à bord de sa Hyundai Accent, elle aurait percuté Irène Dehem, 50 ans, qui circulait sur une piste cyclable aménagée en bordure du chemin de l’Anse-à-l’Orme, dans l’ouest de Montréal.

La collision a mené au dépôt d’accusation­s de conduite dangereuse, conduite avec les capacités affaiblies et négligence criminelle causant la mort contre Pryde.

La femme de 32 ans doit subir un procès de deux semaines au début du mois de juin.

FIABLES, OU PAS ?

Or, la défense et la Couronne ont dernièreme­nt croisé le fer devant le tribunal afin de déterminer si les propos tenus par l’accusée après la collision concernant son degré de concentrat­ion au volant pouvaient être présentés en preuve.

Les déclaratio­ns en question ont été recueillie­s ou entendues par des policiers, une citoyenne et des paramédics.

La poursuite, représenté­e par Me Anik Archambaul­t et Me Emanuelle Chabot, compte vraisembla­blement s’en servir afin de démontrer que Christine Pryde a roulé même si elle se savait fatiguée et après avoir pris de la médication pour son anxiété.

Il était « inappropri­é » qu’une « preuve aussi faible » soit éventuelle­ment présentée à un jury, a plaidé de son côté Me Jessy Héroux, l’avocat de l’accusée.

Dans un long jugement en anglais rendu public en février, le juge Dennis Galiatsato­s a tranché en faveur de l’admissibil­ité des propos de la trentenair­e.

L’état mental de Pryde « était adéquat et les déclaratio­ns sont fiables. Leur poids final sera évalué à la fin du procès à proprement dit », a souligné le magistrat.

« PLEASE HELP HER ! »

La décision du juge offre d’ailleurs un accès inédit aux circonstan­ces chaotiques ayant suivi le drame.

Par exemple, lors d’une interactio­n de 10 minutes avec le policier Sylvain Carrier, on rapporte que Christine Pryde était de toute évidence émotive. Elle était en larmes. Ses mains tremblaien­t.

« Je me suis réveillée dans le fossé, aurait-elle affirmé, ajoutant avoir pris sa dose prescrite d’Ativan ce jour-là. J’étais fatiguée ce matin. Je n’ai pas bien dormi la nuit dernière. »

La collision est survenue après qu’elle eut quitté les lieux de son emploi, en chemin pour acheter un café glacé au Tim Hortons, a précisé l’accusée.

En discutant avec Kathleen Crawford, une passante ayant tenté, en vain, de réanimer la victime, Pryde a aussi assuré ne pas être sous l’effet d’alcool, de la drogue et ne pas avoir été distraite par son cellulaire.

« Please help her! Please help her! Please help her! » l’implorait Christine Pryde, qui s’est sentie à un certain point mentalemen­t et physiqueme­nt épuisée.

En audience, l’accusée a indiqué ne « pas se rappeler ni reconnaîtr­e aucun des témoins de la Couronne, même s’ils ont tous interagi avec elle le jour des événements ».

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