Plusieurs milliers de détenus s’évadent d’une prison en Haïti
Une dizaine de personnes ont perdu la vie dans cette attaque à Port-au-Prince
AFP | Au moins une dizaine de personnes sont mortes durant l’évasion de plusieurs milliers de détenus du Pénitencier national de Port-au-Prince, en Haïti, attaqué dans la nuit de samedi à hier par des gangs armés cherchant à libérer les prisonniers.
Dans la foulée, le gouvernement haïtien a décrété hier soir l’état d’urgence ainsi qu’un couvre-feu dans la capitale.
Pays pauvre des Caraïbes, Haïti fait face à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire, depuis l’assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse. Les forces de sécurité sont dépassées par la violence des gangs qui ont pris le contrôle de pans entiers du pays.
« On a dénombré de nombreux cadavres de détenus », a déclaré hier Pierre Espérance, directeur général du Réseau national de défense des droits de la personne.
Il a expliqué que seule une centaine de détenus étaient toujours présents dans la prison hier, sur environ 3800 avant l’attaque perpétrée par des gangs armés.
Un journaliste de l’AFP s’étant rendu sur place hier matin a vu une dizaine de corps aux alentours de la prison. Certains d’entre eux avaient été touchés par des balles ou par des projectiles, selon lui.
Il a pu se rendre dans la prison, dont la porte était « ouverte » et où il n’y avait « quasiment personne », a-t-il raconté.
LOURDEMENT ARMÉS
Depuis jeudi, des gangs armés s’en prennent à des sites stratégiques, disant vouloir renverser le premier ministre Ariel Henry. Au pouvoir depuis 2021, ce dernier aurait dû quitter ses fonctions début février.
Dans la nuit de samedi à hier, des policiers « ont tenté de repousser l’assaut des gangs criminels contre le Pénitencier national et la prison de Croix des Bouquets », a indiqué le gouvernement haïtien.
« Cet assaut contre ces centres carcéraux a fait plusieurs blessés parmi les prisonniers et le personnel de l’Administration pénitentiaire », a-t-il ajouté.
Le gouvernement a dénoncé les « déchaînements de criminels lourdement armés voulant à tout prix libérer des personnes gardées, notamment pour des faits de kidnapping, de meurtres et d’autres infractions graves ».
La Police nationale « mettra tout en oeuvre pour traquer les prisonniers en fuite, arrêter les responsables de ces actes criminels et leurs complices », a assuré le gouvernement.
On ignore pour l’heure combien de détenus ont pu s’échapper de la prison de Croix des Bouquets, selon Pierre Espérance. Cette prison abritait avant l’attaque environ 1450 détenus, a-t-il précisé.
Plusieurs prisonniers de droit commun, des chefs de gangs connus et des accusés dans l’assassinat du président Jovenel Moïse étaient incarcérés au Pénitencier national, situé à quelques centaines de mètres du palais national.
Vendredi, le Kenya et Haïti ont signé un accord pour l’envoi de policiers kényans dans le pays des Caraïbes, dans le cadre d’une mission internationale soutenue par l’ONU. En visite à Nairobi, Ariel Henry a discuté avec le président kényan, William Ruto, de « l’accélération du déploiement » de cette force.