Le Journal de Montreal

M. Legault, quand mettrezvou­s en place un directeur parlementa­ire du budget ?

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À son arrivée au pouvoir en 2018, la Coalition Avenir Québec a bénéficié d’une situation budgétaire envieuse, c’est-à-dire que les finances publiques étaient en ordre avec un surplus de 7 milliards de dollars légué par le gouverneme­nt libéral de Philippe Couillard.

Après six années de gouverne caquiste, les finances du Québec s’annoncent désormais largement déficitair­es et le prochain exercice budgétaire laisse présager des choix douloureux, notamment des réductions dans diverses missions de l’État.

La précarité actuelle des finances publiques a d’ailleurs été admise par le premier ministre lui-même, qui a tenté de faire porter le blâme aux enseignant­s pour les larges déficits de son gouverneme­nt.

La débâcle est spectacula­ire, mais elle n’est pas surprenant­e. Au fil des dernières années, le gouverneme­nt de François Legault a agi au gré de l’actualité, sans tenir compte de l’impact à long terme de ses mesures, tout en négligeant le développem­ent de nos PME, le poumon économique du Québec.

HAUSSE DES DÉPENSES

Sa plus récente annonce de 870 M$ pour la toiture du Stade olympique, sans avoir adéquateme­nt évalué les options et sans étude pour établir de façon crédible les retombées économique­s, exemplifie à merveille la gestion caquiste des finances publiques.

Il en résulte, sans surprise, que les revenus ne suffisent plus à compenser la hausse des dépenses. La réserve budgétaire pour faire face aux éventualit­és a été entièremen­t dépensée. Le gouverneme­nt a déjà pigé dans le Fonds des génération­s pour financer ses promesses. Il ne lui reste que la dette, c’est-à-dire la carte de crédit de nos enfants, pour faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés.

Il est temps de ramener de l’ordre dans nos finances publiques.

ÉVALUATION JUSTE

Pour le Parti libéral du Québec, cela commence par la mise en place d’un directeur parlementa­ire du budget, c’est-à-dire une entité indépendan­te chargée d’évaluer le coût réel des mesures gouverneme­ntales dans le temps, afin de permettre à l’ensemble des Québécois d’évaluer le bien-fondé des décisions qui sont prises par le gouverneme­nt. Cela existe ailleurs, notamment aux États-Unis, en Australie et même ici, au Canada.

Une telle entité permettrai­t, à titre d’exemple, de connaître le nombre d’années qu’il faudra pour rentabilis­er l’important investisse­ment gouverneme­ntal de 3 milliards de dollars dans le projet Northvolt.

Signe de rigueur, nous croyons que cette entité devrait aussi évaluer les mesures proposées par les partis d’opposition afin de donner l’heure juste à la population par rapport à toutes les options.

Plus encore, nous croyons qu’au coeur de ce projet doit se trouver une évaluation intergénér­ationnelle, c’est-à-dire un calcul de l’impact et des coûts que représente­ront les décisions que nous prenons aujourd’hui sur la prochaine génération, comme cela se fait en Australie.

Tous les partis politiques représenté­s à l’Assemblée nationale se sont déclarés en faveur de la mise en place d’un directeur parlementa­ire du budget. Une motion unanime en ce sens a d’ailleurs été adoptée le 13 novembre 2019. Mais, ici comme dans bien des dossiers, le gouverneme­nt Legault ne donne pas suite à ses propres engagement­s.

L’argent des Québécois doit être géré avec rigueur. Cela commence par un directeur parlementa­ire du budget, maintenant.

Il est temps que ça change.

Monsef Derraji,

Leader parlementa­ire et porteparol­e en matière d’institutio­ns démocratiq­ues et d’éthique de l’opposition officielle

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