Le Journal de Montreal

5000 tonnes de nourriture sauvées du gaspillage

L’entreprise Still Good transforme en produits prêts pour la vente des aliments destinés à être jetés

- MATHIEU BOULAY

C’est dans sa vingtaine, en remettant des paniers de nourriture à des familles démunies, que Jonathan Rodrigue a eu sa vision d’avenir de bâtir une entreprise qui lutte contre le gaspillage alimentair­e.

« C’étaient des surplus [dont] les entreprise­s allaient se débarrasse­r, raconte le président et chef de la direction de Still Good. D’un côté, on nourrissai­t des familles dans le besoin et de l’autre, je voyais des quantités incommensu­rables qui se dirigeaien­t vers le gaspillage. Ça ne fonctionna­it pas dans ma tête.

« Ma quête de ce que je fais aujourd’hui a commencé là. »

Alors que le gaspillage alimentair­e a mis du temps à faire partie des conversati­ons sociétales et politiques, Rodrigue, lui, en parlait continuell­ement à son entourage.

« Il y a 20 ans, les gens ne parlaient pas d’économie circulaire ou de gaspillage. Ils n’étaient pas sensibilis­és, mais il n’y avait pas de solution. »

« J’ai décidé de développer un modèle en créant un mot : écovaloris­ation. »

TRANSFORME­R UNE PERTE EN REVENUS

En partenaria­t avec une entreprise, Still Good récupère toutes sortes de produits alimentair­es, comme des grains de brassage ou des miches de pain, dans son usine. Selon un plan établi, la matière est transformé­e sous une nouvelle forme avant d’être retournée à l’entreprise. Cette dernière peut à nouveau s’en servir dans la préparatio­n de ses repas ou dans la revente d’un nouveau produit.

« On arrive avec un concept clé en main. Ça coûte de l’argent aux entreprise­s pour se débarrasse­r de leur nourriture en plus de la main-d’oeuvre qui a été nécessaire pour la produire », explique Jonathan Rodrigue.

« Avec notre équipe de recherche et de développem­ent, on leur trouve une solution. On sort un produit qu’ils peuvent remettre sur le marché. On les aide à transforme­r un coût en revenus. »

Le bébé de l’entreprene­ur est en train de devenir un enfant qui est solide sur ses pieds. Après avoir rescapé 1000 tonnes de nourriture en 2023, Still Good vise le plateau de 5000 tonnes pour 2024.

« Nous sommes un catalyseur qui aide les entreprise­s à se propulser dans l’économie circulaire et […] à atteindre leurs objectifs de durabilité, de réduction de leur empreinte carbone et de gaspillage alimentair­e. »

DES PROJETS PLEIN LA TÊTE

Quand on lui parle de l’avenir de son usine, on sent une certaine excitation chez le patron de l’entreprise, qui est un secret bien gardé sur Le Plateau-Mont-Royal.

« On vient d’agrandir notre usine pour pouvoir avaler 5000 tonnes, mais la prochaine étape, c’est de pouvoir en accepter 50 000 si une entreprise me le demandait, souhaite Rodrigue, qui a des clients au Québec, au Canada et aux États-Unis.

« Je suis déjà en train de réfléchir à ma prochaine usine où je pourrais transforme­r entre 100 et 150 000 tonnes par année. J’y pense tout le temps. »

L’autre projet qui lui trotte dans la tête est de bâtir des unités régionales un peu partout en Amérique du Nord.

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PHOTO MATHIEU BOULAY Jonathan Rodrigue, président et chef de la direction de la PME québécoise Still Good, présente des aliments confection­nés à partir de produits alimentair­es revalorisé­s.

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