Le Journal de Montreal

Un Paul Houde, il n’y en aura qu’un seul

- Michel.beaudry@quebecorme­dia.com

C’est un vieux chum depuis 40 ans qui vous le jure. Un Paul Houde, il n’y en aura eu qu’un seul. Un volcan d’intelligen­ce, de talent, d’amour de la vie, du métier. Un humoriste qui n’avait pas besoin de texte, qui créait en clignant des yeux. Il adorait jouer, se moquer, interpréte­r et, surtout, faire rire. D’autres fois, il se prenait au sérieux et ça marchait. Il était foncièreme­nt brillant et il aimait l’afficher, le démontrer.

En voulez-vous une bonne ? Paul Houde, qui a été « Fern » dans Les Boys, n’a jamais été gardien de but. Il a fait croire à l’équipe du producteur Richard Goudreau qu’il avait une certaine expérience dans les filets. C’était faux. Il s’est entraîné en cachette, il a vite appris sur le tas en louant des heures à l’aréna sans que personne ne le sache. Il voulait le rôle, il voulait jouer dans Les Boys et il a gagné son pari. Souvent sa doublure n’était nulle autre que Kim St-Pierre, la championne olympique.

Il lisait, emmagasina­it et fouillait toujours. Ses neurones s’accrochaie­nt à tout. L’astronomie, la lutte, les Blackhawks de Chicago, la politique, l’athlétisme, l’histoire et mettez-en. Francine, sa femme, pourrait raconter combien il était étourdissa­nt, jamais en mode repos. Dans les dernières années, il aurait dû partir en VR et se la couler douce mais non. Il est parti conquérir les États-Unis et il est revenu avec tant de documents vidéo qu’il en a fait des émissions de télé.

UN PARFAIT IMITATEUR

Pendant plusieurs années, à la radio, nous avons été des compétiteu­rs. Enfin, c’étaient plus nos stations qui se battaient les unes contre les autres. Paul et moi, nous adorions faire des numéros improvisés ensemble et il avait le don de sortir des imitations que personne d’autre ne possédait. Claude Raymond était plus vrai que le vrai. Son TiGuy Émond n’a jamais été égalé. Il était le seul à imiter Guy Lafleur, Jacques Lemaire et il réussissai­t Ménick sans jamais être allé se faire couper les cheveux une seule fois chez le Figaro de la rue Masson.

Paul perfection­nait plus que la voix de sa victime. Il entrait dans son caractère et il en faisait très vite et habilement une caricature.

Au début des années 80, j’étais le chroniqueu­r sportif de son émission du matin à CKMF et, en même temps, son faire-valoir. Des fous rires que je n’oublierai jamais. Je pense aussi à cette soirée qui a suivi son mariage avec Francine dans un chic restaurant du Vieux-Montréal.

Que dire de cette scène écrite par André Dubois pour l’émission Rira bien à TVA où Paul et moi devions nous embrasser sur la bouche. Au moins 10 fois nous avons dû refaire la prise finale et, tous les deux, nous avons pleuré... Oui, pleuré de rire.

Avec nos fils, son Paul-Frédéric et mon Simon, nous sommes allés au Mexique. J’étais avec trois fous de la lutte qui connaissai­ent et parlaient de toutes les stars de la WWF. Toutefois, avec Paul, je me gardais les fins de soirée où avec un bon petit verre de rouge, couché sur le dos et observant le ciel, il m’expliquait avec tant de passion la compositio­n des étoiles. C’était une de ses furieuses folies.

Je refuse de croire qu’il est parti. Comme c’est le cas chaque fois qu’on perd quelqu’un qu’on aime, qu’on admire, on se demande pourquoi on ne le voyait plus aussi souvent. Il s’en va rejoindre son ami Michel Côté et aussi Pierre Rinfret, qui était son complice lors de ses années à CFGL.

Salut, Paul Houde !

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