Le Journal de Montreal

L’armée canadienne, la GRC et la Sûreté du Québec utilisent ces équipement­s pourtant bannis aux États-Unis

- – Avec Francis Halin, Yves Lévesque et Chrystian Viens

La Sûreté du Québec, la GRC et même l’armée canadienne utilisent des drones chinois bon marché et faciles à pirater qui ont été bannis par les États-Unis parce qu’ils pourraient être utilisés à des fins d’espionnage, a découvert notre Bureau d’enquête.

La Gendarmeri­e royale du Canada (GRC) nous a confirmé posséder 400 de ces drones chinois. La Sûreté du Québecen a aussi acquis « plusieurs », sans pouvoir chiffrer leur nombre exact.

Des ministères stratégiqu­es, comme celui de la Sécurité publique du Québec, ont aussi recours aux drones DJI (voir le tableau ci-contre).

La firme Da Jiang Innovation (DJI), qui domine le marché mondial de la vente de drones, a pourtant été pointée du doigt à plusieurs reprises ces dernières années.

L’armée américaine a banni l’usage des drones DJI depuis 2017, et la compagnie figure depuis 2020 sur la liste noire des compagnies qui posent un risque en matière de sécurité nationale aux ÉtatsUnis (voir la chronologi­e ci-contre).

Ainsi, certains organismes gouverneme­ntaux ne peuvent plus s’en procurer, même si les citoyens y ont toujours accès.

Depuis mai, la Défense australien­ne a aussi cloué au sol tous ses drones DJI.

UTILISATIO­N « RESTREINTE »

La compagnie chinoise est également critiquée pour son comporteme­nt en matière de droits de la personne. Selon les États-Unis, ses drones auraient servi à surveiller des Ouïghours dans la province du Xinjiang en 2017.

Le gouverneme­nt ukrainien a aussi interpellé le géant chinois en 2022 pour qu’il cesse de collaborer avec la Russie.

Les institutio­ns qui ont recours aux drones DJI assurent utiliser cette technologi­e de façon sécuritair­e.

« Les images recueillie­s sont considérée­s comme des renseignem­ents de nature non délicate », a souligné la porte-parole de la GRC Kim Chamberlan­d.

« Nous travaillon­s avec ces drones de façon restreinte, dans le cadre d’opérations précises », a aussi commenté Benoit Richard, de la Sûreté du Québec.

IMAGERIE AÉRIENNE

L’armée canadienne, qui détient un « nombre limité » de drones DJI, affirme en avoir pour étudier leur fonctionne­ment, mais les utilise aussi afin de prendre des images non classifiée­s.

D’autres organismes, comme Transports Canada ou le Bureau de la sécurité des transports, ont indiqué utiliser ces radars pour faire de l’imagerie aérienne.

De son côté, le ministère de la Sécurité publique du Québec affirme ne pas voir « de risque à la sécurité en matière d’espionnage en lien avec l’utilisatio­n qu’il fait des sept drones qu’il a en sa possession, soit dans le cadre de visites terrain ».

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PHOTOS FOURNIES PAR LA GENDARMERI­E ROYALE DU CANADA ET TRANSPORTS CANADA ET D’ARCHIVES La Gendarmeri­e royale du Canada possède 400 drones de marque DJI, dont certains sont semblables aux modèles qu’on voit sur ces deux photos et qui sont utilisés dans le cadre de ses opérations policières.

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