Le Canada, un cancre en matière de sécurité
Le recours aux drones DJI n’est pas sans risques, comme l’a démontré en mars une équipe allemande.
Les chercheurs du Horst Görtz Institute for IT Security de l’Université de la Ruhr à Bochum ont annoncé avoir facilement réussi à contourner les mesures de sécurité du logiciel des drones DJI.
Selon eux, il serait aisé pour un pirate ou un gouvernement malveillant de déterminer l’emplacement exact de l’objet volant, d’en modifier le numéro de série ou de contourner les mécanismes qui permettent aux autorités de suivre leur trajectoire.
Le Canada, en ayant recours à ces drones chinois bon marché, fait montre encore une fois de ses faiblesses en matière de sécurité nationale, d’après les différents experts consultés.
Or, un virage doit être fait si le gouvernement canadien veut être pris au sérieux, d’autant plus que DJI souhaite lui vendre encore plus de drones (voir autre texte ci-contre).
« On est au-dessus de nos affaires. Il y a une mauvaise compréhension des risques. On y va simplement avec le plus bas soumissionnaire conforme, avec ceux qui coûtent le moins cher », expose Luc Lefebvre, expert en cybersécurité et cofondateur de Crypto.Québec.
« EN GUERRE CYBER »
« Le Canada est techniquement en guerre cyber contre la Chine. Il est aberrant que nous dépendions encore si intensément de notre adversaire, avec qui nous sommes activement en conflit, d’un point de vue technologique […]. Le Canada est toujours à la remorque. C’est d’ailleurs une grosse critique des autres membres de l’OTAN et des Fives Eyes [alliance de services de renseignement] : le Canada gère à la crise au lieu d’être proactif », poursuit-il.
L’ex-officier du Service canadien du renseignement de sécurité et directeur du Global Intelligence Knowledge Network, Neil Bisson, rappelle qu’il appartient au Canada de faire les vérifications lorsque des pays alliés signalent une problématique. « Lorsque le gouvernement canadien regarde pour potentiellement acheter des drones ou des caméras fabriqués par des pays qui ont des enjeux avec le Canada, il doit y avoir une recherche approfondie pour comprendre le logiciel du produit et ses composantes », dit-il.