La Cour suprême donne un coup de main à Trump
Elle refuse de donner aux États le pouvoir de déclarer l’ancien président inéligible
WASHINGTON | (AFP) La Cour suprême américaine a annulé hier un arrêt de la justice du Colorado déclarant Donald Trump inéligible pour ses actes lors de l’assaut du Capitole, considérant qu’un État ne pouvait prendre une telle décision.
La Cour suprême ne s’aventure pas sur le terrain miné de la qualification des actes du président républicain sortant le 6 janvier 2021. Mais, comme l’avaient anticipé de nombreux experts, elle affirme que seul le Congrès, et non un État, est habilité à retirer un candidat du bulletin pour la présidentielle.
Trump a rendu hommage aux neuf juges, dont trois nommés pendant son mandat, pour avoir « travaillé si rapidement, si diligemment et si brillamment ».
« Vous ne pouvez pas éliminer quelqu’un de la course simplement pour complaire à un adversaire », a-t-il ajouté lors d’une intervention télévisée.
Sur la trentaine d’États dans lesquels des recours en inéligibilité ont été engagés contre lui, seuls trois ont abouti, dans le Colorado, le Maine, qui vote également aujourd’hui, et l’Illinois. Plusieurs États attendaient néanmoins que la Cour suprême se prononce pour statuer.
Laisser chaque État trancher séparément la question pourrait aboutir à un véritable « patchwork », dans lequel « un candidat pourrait être déclaré inéligible dans certains États et non d’autres, sur la base du même comportement », explique la Cour dans sa décision finale.
« MOTIFS TECHNIQUES »
« Il ne s’agit en rien d’une victoire pour Trump », a réagi Noah Bookbinder, le président du groupe de citoyens anticorruption Crew, à l’origine de la procédure au Colorado, soulignant que la Cour suprême s’est prononcée uniquement « sur des motifs juridiques techniques » mais pas sur les faits.
La justice du Colorado a considéré que les actes de Trump en 2021 relevaient du 14e amendement de la Constitution.
Cet amendement adopté en 1868 visait alors les partisans de la Confédération sudiste vaincue lors de la guerre de Sécession (1861-1865). Il exclut des plus hautes fonctions publiques quiconque se serait livré à des actes de « rébellion » après avoir prêté serment de défendre la Constitution.
Le 6 janvier 2021, des centaines de partisans du président sortant chauffés à blanc, notamment par ses allégations infondées de fraudes électorales, avaient pris d’assaut le Capitole, sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d’y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.
« Il est maintenant clair que Trump a mené la rébellion du 6 janvier et il appartiendra au peuple américain de faire rendre des comptes », a ajouté M. Bookbinder.
DÉCEPTION
La responsable des élections au Colorado, Jena Griswold, s’est dite « déçue », tandis son homologue du Maine, Shenna Bellows, a indiqué revenir sur sa décision et que « les votes en faveur de M. Trump » aujourd’hui « seraient comptés ».