Le Journal de Montreal

La prison pour avoir voulu se faire justice

Le coupable a involontai­rement atteint un garçon de 9 ans d’une balle perdue en visant des intimidate­urs

- JONATHAN TREMBLAY

Un homme qui a voulu se faire justice lui-même en ouvrant le feu dans un quartier résidentie­l, atteignant un enfant de 9 ans d’une balle perdue alors qu’il visait ses intimidate­urs, devra réfléchir à son geste derrière les barreaux durant sept ans.

« Quoiqu’il ait été menacé, au lieu de faire appel aux policiers, il s’est fait ce qu’on dit communémen­t “justice lui-même”. Il s’est armé, en toute connaissan­ce des conséquenc­es qui pouvaient advenir », a déploré hier la juge Louise Leduc, en prononçant la peine d’Yves Martin Larocque, au palais de justice de Sorel-Tracy.

Branché par vidéoconfé­rence, l’homme de 40 ans avait les yeux rougis lors de la sentence.

En janvier 2023, il a reconnu avoir commis des voies de fait graves, déchargé une arme à feu dans l’intention de blesser et fait une utilisatio­n négligente d’une arme. Son accusation de tentative de meurtre est alors tombée.

DES MENACES

L’affaire s’est jouée le 22 août 2021 à Contrecoeu­r, en Montérégie.

Ce soir-là, vers 19 h 30, David Burelle-Jeannotte et deux autres hommes se sont rendus chez l’accusé, rue des Pivoines.

« On va se monter une équipe et on va venir te passer », l’avait préalablem­ent averti Burelle-Jeannotte, un individu lourdement criminalis­é qui le menaçait depuis des mois.

Selon nos informatio­ns, leur conflit avait débuté lors d’une querelle dans un bar.

Martin Larocque, qui ne portait qu’un maillot de bain lorsqu’il a été réveillé par

les intrus, est sorti de sa maison et a fait feu vers ses intimidate­urs avec sa carabine enregistré­e.

En fuyant en voiture, Burelle-Jeannotte a reçu un projectile à la tête.

Un garçon de 9 ans qui se tenait à proximité et qui n’avait rien à voir avec cette guerre ouverte a vu une balle lui traverser la cuisse.

Si l’enfant n’a conservé que des séquelles psychologi­ques, Burelle-Jeannotte se déplace aujourd’hui en fauteuil roulant et vit dans une résidence spécialisé­e.

« On a beau me dire que cet individu-là était criminalis­é, c’est d’une tristesse épouvantab­le », a nommé la juge Leduc, qui a insisté sur l’importance de la dissuasion en matière d’armes à feu.

Il y a moins d’une semaine, la magistrate sermonnait d’ailleurs un autre condamné dans une affaire semblable pour laquelle l’homme a tenté de se défendre lui-même lors d’une attaque.

FAIBLE RISQUE DE RÉCIDIVE

Incarcéré depuis, Yves Martin Larocque risquait 10 ans de pénitencie­r. Son avocate suggérait pour sa part une sentence de quatre ans en cellule.

Le Contrecoeu­rois sortira tout de même plus tôt que prévu de prison en raison de sa détention préventive et de conditions d’incarcérat­ion jugées difficiles par le tribunal.

Il lui reste donc un peu moins de trois ans d’emprisonne­ment à purger.

Aux yeux du tribunal, Martin Larocque présente un faible risque de récidive. Il n’avait aucun antécédent criminel.

« Je tiens beaucoup en compte le fait qu’il ait des remords. [Il a commis] un acte criminel à une occasion, dans des circonstan­ces particuliè­res de sa vie. À défaut de quoi, son mode de vie ne reflète pas du tout le comporteme­nt qu’il a eu », a conclu la juge Leduc.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ET TIRÉE DE FACEBOOK ?? Ironiqueme­nt, le véhicule atteint de plusieurs projectile­s tirés par Yves Martin Larocque (en mortaise) a terminé sa course dans un fossé, près d’une pancarte demandant de faire attention aux enfants, à Contrecoeu­r, au mois d’août 2021.
PHOTOS D’ARCHIVES ET TIRÉE DE FACEBOOK Ironiqueme­nt, le véhicule atteint de plusieurs projectile­s tirés par Yves Martin Larocque (en mortaise) a terminé sa course dans un fossé, près d’une pancarte demandant de faire attention aux enfants, à Contrecoeu­r, au mois d’août 2021.

Newspapers in French

Newspapers from Canada