Le Journal de Montreal

La famille Cozak déboutée en cour

Le père et ses deux fils réclamaien­t 22 M$ au gouverneme­nt

- PIERRE-PAUL BIRON

Les trois membres d’une même famille accusés en 2015 de production de drogue de synthèse puis libérés après un arrêt des procédures en raison de délais déraisonna­bles ont été déboutés dans leur poursuite de 22 M$ contre l’État québécois.

Daniel Cozak, chimiste de formation, et ses deux fils, Charles et Samuel, ce dernier étant avocat membre du Barreau du Québec, poursuivai­ent le procureur général du Québec pour 22,3 M$.

Le trio reprochait à la Sûreté du Québec et au Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) des fautes graves ayant porté atteinte à leurs droits.

En outre, ils estimaient que les policiers avaient livré une enquête « bâclée », que les mandats à leur endroit étaient illégaux, que les enquêteurs avaient « nettoyé » du matériel informatiq­ue qui auraient pu les disculper, puis que la preuve, divulguée en retard, ne soutenait pas le dépôt d’accusation­s.

Ces arguments ont tous été rejetés par la juge Marie-Paule Gagnon dans un jugement de 221 pages rendu le 29 février.

DÉBOUTÉS

Les trois demandeurs avaient été arrêtés en 2015 alors que les autorités les soupçonnai­ent d’exploiter deux laboratoir­es clandestin­s de fabricatio­n de drogue de synthèse. Les Cozak plaidaient toutefois que les opérations visaient notamment le développem­ent de nouveaux polymères pouvant servir à la fabricatio­n de plastique.

Les allégation­s des deux parties n’ont jamais subi le test des tribunaux puisque la Cour du Québec a prononcé un arrêt Jordan en 2017 en raison des délais au dossier. Or, la juge Gagnon qualifie dans son jugement de « cousus de fil blanc » les témoignage­s de Charles et Samuel Cozak sur ce projet.

La magistrate cite également dans sa décision de nombreux éléments d’enquête « qui permettaie­nt [au procureur de la Couronne] de croire à la culpabilit­é des accusés et à sa capacité de le démontrer hors de tout doute raisonnabl­e », soutenant ainsi le dépôt d’accusation­s.

« Il n’y a aucune preuve soutenant que le DPCP était animé d’une intention malveillan­te et qu’il a abusé de ses pouvoirs ou perverti le processus judiciaire », écrit la juge.

25 000 $

Réclamant initialeme­nt 22 M$ au gouverneme­nt, les demandeurs recevront finalement 25 000 $, liés à des dommages à des biens qui leur avaient été saisis par les autorités.

Samuel Cozak recevra 22 500 $ pour des bris à certains appareils de laboratoir­e entreposés par la Sûreté du Québec après son arrestatio­n, tandis que son père, Daniel, recevra 2500 $ pour des produits chimiques lui appartenan­t et qui ont été détruits. Les demandeurs ont 30 jours pour porter le jugement en appel.

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