Le Journal de Montreal

Message sur le concept de capacité d’accueil

- Sociologue, auteur et chroniqueu­r

J’ai lu récemment que le concept de capacité d’accueil ne voudrait pas dire grandchose quand on parle d’immigratio­n.

Il servirait surtout à canaliser « théoriquem­ent » l’inquiétude de la société d’accueil devant la différence – ou plus exactement, il servirait à rationalis­er une forme de xénophobie insurmonta­ble des sociétés occidental­es.

Étrange déni.

La capacité des services sociaux et hospitalie­rs à accueillir des vagues migratoire­s ? Ça ne compte pas.

IDÉOLOGIE

La capacité des écoles à intégrer ces population­s nouvelles ? Ça ne compte pas.

La capacité de la société d’accueil à conserver sa langue, sa culture et son mode de vie ? Ça ne compte toujours pas. Apparemmen­t, il serait même odieux d’en tenir compte.

Les immigratio­nnistes sont donc passés en quelques années d’un discours à un autre.

D’abord, ils ont expliqué que notre capacité d’accueil était considérab­le. Ils se trompaient, mais voulaient nous le faire croire.

Maintenant que ce n’est plus possible de nous enfoncer dans la gorge ce bobard technocrat­ique, et qu’il est évident que notre société est déstabilis­ée de partout par la pression migratoire, on décrète que le concept de capacité d’accueil ne veut rien dire. On cherche à interdire la réflexion.

On fait de même lorsqu’on veut interdire de prendre au sérieux la distance souvent insurmonta­ble entre différente­s cultures et, plus encore, entre différente­s civilisati­ons, qui rend l’intégratio­n à peu près impossible.

TENSIONS

Les tensions culturelle­s sont pourtant réelles, comme on le voit dans des écoles où s’expriment ce qu’on pourrait appeler une homophobie très présente dans certaines communauté­s, comme on le sait sans oser le dire, et un sexisme qui se dissimule derrière l’appel au respect des traditions religieuse­s.

Nous avons importé sur notre territoire le choc des civilisati­ons. Ou du moins, nous l’avons laissé s’installer.

Longtemps, il fut interdit de noter ces observatio­ns, même discrèteme­nt.

Ce n’est plus exactement le cas. Le réel fait éclater les idéologies et reprend ses droits.

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