Le Journal de Montreal

Les électromén­agers brisent encore plus souvent et rapidement qu’avant

C’est ce que constatent les réparateur­s, qui enregistre­nt une augmentati­on de la demande pour leurs services

- MATHIEU BOULAY SYLVAIN LEBEL Président de – Avec David Descôteaux

Avec le manque de fiabilité de leurs électromén­agers qui brisent seulement quelques années après leur achat, les Québécois n’ont pas le choix de se tourner plus souvent vers les réparateur­s malgré les coûts qui peuvent être élevés.

Ce fut le cas de Simon St-Pierre, qui a dû faire réparer son réfrigérat­eur moins de trois ans après son achat.

Sans avertissem­ent, le compresseu­r de l’appareil a rendu l’âme. Pas trop pratique avec deux jeunes enfants.

« C’est frustrant. Ça devrait durer plus longtemps, indiquet-il. C’est la première fois que ça m’arrive.

« On m’a expliqué [que] les réfrigérat­eurs d’aujourd’hui ont de plus petits compresseu­rs que par le passé. Étant donné qu’ils forcent plus, ça brise davantage. »

Lorsqu’il s’est rendu compte que son réfrigérat­eur ne faisait plus son travail, il s’est rapidement mis en mode solution. À la fin des courses, il s’est retrouvé avec une facture de plus de 400 $ à débourser.

« Quand tu payes plus de 2000 $ pour un produit, tu ne devrais pas avoir à dépenser 400 $ quelques années plus tard, ajoute-t-il. Il n’y a pas une marque qui est mieux que l’autre. Le phénomène est généralisé. C’est un peu décevant. »

Un autre consommate­ur a également eu une troublante expérience lorsqu’en janvier son réfrigérat­eur a décidé qu’il rendait l’âme. Le 13 janvier dernier, l’entreprise Brick donne à Vincent Duquette et sa conjointe une date de réparation, soit dans 30 jours.

« Là, on panique un peu, moi et ma conjointe. On se demande comment on va faire sans frigo pendant un mois. Puis, je reçois un courriel qui me dit que finalement, ce ne sera pas avant le 8 mars ! Par chance, mes parents avaient un petit réfrigérat­eur dans leur garage et ils nous l’ont prêté en attendant », dit-il.

MANQUE DE FIABILITÉ

Même si elles sont incapables de fournir des statistiqu­es précises, les quatre compagnies de réparation contactées par Le Journal sont unanimes: le manque de fiabilité des électromén­agers est l’une des causes de cette augmentati­on du nombre d’appels.

« Quand j’ai commencé, il y a 31 ans, les premières réparation­s arrivaient seulement après 17 ans, raconte Daniel Gagné, technicien principal à la Clinique de l’électro. Là, on parle plus de trois ou quatre ans. »

« Au fil des années, les compagnies ont rajouté des pièces et de l’électroniq­ue dans les appareils. C’est plus fragile qu’auparavant. »

Du côté de Patrick Réhel, un réparateur qui possède 35 ans d’expérience, son nombre d’appels a augmenté de 15 % dans les dernières années.

« Toutes les marques brisent lors des cinq premières années, mentionne-t-il. La qualité n’est plus la même. Ce n’est plus bon comme avant. »

« Par exemple, un tuyau qui était en caoutchouc avant est maintenant en plastique. Ça brise en un claquement de doigts. »

LE REVERS DE LA TECHNOLOGI­E

La présence des composante­s électroniq­ues rend les appareils encore plus sensibles, selon le président de la Corporatio­n des technicien­s en électromén­ager du Québec (CTEQ), Sylvain Lebel.

« Ça va briser plus souvent pour cette raison, souligne-t-il. Les variations de courant sont catastroph­iques pour les électromén­agers. »

« Quand un client nous parle de pannes ou de baisses récurrente­s dans son secteur, c’est pas bon signe pour ses appareils. »

Il voit également des clients qui n’entretienn­ent pas bien leurs appareils ou d’autres qui ne les utilisent pas de façon adéquate.

« Il est aussi question que certains fabricants programmen­t la durée de vie de leurs appareils, mentionne Lebel. Ce n’est pas logique de faire cela. »

« Tu ne peux pas bousiller ton produit de cette façon, surtout quand un client paye une plaque de cuisson hors de prix. Les compagnies ne prendront pas le risque de salir leur réputation. »

RÉPARER OU JETER?

Les électromén­agers qui ont plus d’une dizaine d’années d’existence sont plus difficiles à réparer en raison de la rareté des pièces disponible­s.

« Je viens de dire à un client qu’il n’y avait plus rien à faire avec son réfrigérat­eur, mentionne Patrick Réhel. Il devait mettre 1500 dollars pour prolonger sa vie et il m’a répondu que c’était le prix d’un neuf. »

Quand les réparation­s dépassent 1500 dollars, les technicien­s conseillen­t souvent à leurs clients de faire l’achat d’un nouvel appareil.

Ces derniers se retrouvent alors placés devant un choix déchirant.

« Il y a beaucoup d’appareils que nous n’arrivons plus à réparer parce que les pièces ne sont plus disponible­s chez nos fournisseu­rs, affirme Asma Makhlouf, qui travaille pour Service 2000. Ça pousse nos clients à acheter du neuf plus souvent qu’avant. »

« QUAND J’AI COMMENCÉ, IL Y A 31 ANS, LES PREMIÈRES RÉPARATION­S ARRIVAIENT SEULEMENT APRÈS 17 ANS. LÀ, ON PARLE DE PLUS DE TROIS OU QUATRE ANS » – Daniel Gagné, réparateur d’électromén­agers

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PHOTOS FOURNIE PAR DANIEL GAGNÉ ET FOURNIE PAR SYLVAIN LEBEL Daniel Gagné, qui est technicien principal à la Clinique de l’électro et qui cumule une trentaine d’années d’expérience, explique que l’ajout constant de pièces électroniq­ues au cours des dernières années rend les électromén­agers plus fragiles.
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