Retour en enfance pour Robert Lepage
Le metteur en scène allie lutte, théâtre et arts de la scène dans un même spectacle
L’enfant en Robert Lepage ne pouvait s’empêcher d’être nostalgique des belles années d’Édouard Carpentier, de Mad Dog Vachon et du Géant Ferré, en mettant en scène SLAM!, une oeuvre qui mélange lutte, cirque et théâtre présentée dès aujourd’hui au Théâtre Le Diamant, à Québec.
Les mordus de combat et les amoureux des arts de la scène pourront, pour une très rare fois, être comblés par le même événement au cours d’une seule soirée. Avec SLAM!, ce sont huit acrobates qui prendront d’assaut la scène, ou plutôt le ring, le temps d’un spectacle de cirque, dont le narratif prendra des allures de gala de lutte. Masques et capes de luchador, diabolo, sauts de la troisième corde et comédie exagérée seront notamment au rendez-vous.
UNE RELIGION
« La lutte était presque comme une religion à un certain moment au Québec. Moi, mon [lutteur] préféré était Édouard Carpentier », se souvient avec nostalgie le metteur en scène de SLAM!, Robert Lepage, avec qui Le Journal a discuté, à la veille de la première représentation.
Celui qui se souvient de la rivalité entre Maurice « Mad Dog » Vachon et le Géant Ferré, aussi appelé André The Giant, est excité à l’idée du mariage entre son amour de jeunesse et sa passion pour le cirque.
« [La lutte et le cirque] ont évidemment des côtés acrobatiques et athlétiques en commun, note-t-il. Ce qui m’intéresse de la lutte, c’est le côté plus grand que nature des personnages et l’aspect hyper théâtral, puis je trouvais que le monde du cirque était idéal pour venir ajouter à ça », explique ensuite le dramaturge, qui croit d’ailleurs que le Cirque du Soleil est venu combler un certain vide créé par le déclin de la lutte au Québec, vers la fin des années 1980.
«ÇAFAITMAL!»
Cette célèbre expression du lutteur Édouard Carpentier, décédé en 2010, doit traverser l’esprit des artistes du cirque qui feront partie de SLAM! par les temps qui courent. Heureusement, ils ont eu droit aux conseils d’athlètes du monde de la lutte lors de leur préparation.
« Les acrobates ont tout le temps mal quelque part, mais [dans un combat de lutte] cette douleur est mise de l’avant ; la partie où ils doivent se frapper et se claquer est différente de ce qu’on fait habituellement », soutient Bruno Gagnon, fondateur et directeur général et artistique de FLIP Fabrique, qui coproduit ce spectacle avec Ex Machina. Robert Lepage se réjouit quant à lui de la facilité que les acrobates ont eue à s’adapter à cette mise en scène, un peu plus brutale que ce à quoi ils sont habitués. « Comment tomber, comment faire semblant de se blesser ; en un après-midi, ils ont appris ce qui peut souvent prendre un mois à apprendre ».
SLAM! sera présenté du 5 au 9 mars au Théâtre Le Diamant, de Québec. Le spectacle se déplacera ensuite à la TOHU Cité des arts du cirque, à Montréal, du 19 mars au 7 avril. On prévoit le début des représentations à l’international pour l’automne.