L’industrie doit s’ajuster
Le Journal a demandé l’avis de deux experts en aviation sur la nouvelle menace en matière de cyberattaques.
Est-ce vraiment possible de pirater un avion à distance ?
Ce n’est pas aussi facile que de déjouer un système standard de voiture ou de cellulaire, mais c’est loin d’être impossible, explique en entrevue Jose M. Fernandez, un ancien enseignant à la Polytechnique Montréal, expert en cybersécurité et pilote de ligne.
« Aucun système ne peut nous protéger contre toutes les cyberattaques », observe-t-il. La capacité de bloquer le système de localisation GPS et l’envoi de faux signaux étaient autrefois réservés à l’arsenal militaire. Mais cette capacité n’est plus exclusive à l’armée, fait-il remarquer.
A-t-on prévu des moyens pour prévenir de telles perturbations ?
M. Fernandez se montre peu rassurant, car à ce jour, rien n’a encore été conçu dans l’industrie de l’aviation pour éviter toute forme de cyberattaque.
Les systèmes de navigation ont plutôt été développés pour corriger des erreurs et des imprécisions, des défaillances d’équipements et des erreurs humaines.
L’industrie de l’aéronautique « a mis presque tous ses efforts dans la prévention du terrorisme et la prise d’otage à bord d’aéronefs », observe-t-il.
Quelles solutions sont envisageables à court et à moyen terme ?
M. Fernandez indique qu’il faut commencer par informer les pilotes de la situation. Il faut ensuite changer les procédures d’urgence et entraîner l’équipage à bien réagir.
À moyen terme, il considère qu’il faudra adapter les systèmes aux nouvelles menaces. Cela pourrait coûter « des centaines de milliers de dollars pour chaque avion de ligne », selon lui.
Selon le directeur adjoint de l’Institut de droit aérien et spatial de l’Université McGill Vincent Correia, cela ne se fera pas du jour au lendemain, car l’industrie prend parfois 10 à 15 ans avant de réagir.
« Il faut que l’implantation de nouvelles technologies soit obligatoire et uniforme à travers le monde », dit M. Correia.