Le Journal de Montreal

En relâche pour parler français

Des écoles regroupent les jeunes allophones pour qu’ils ne passent pas une autre semaine sans parler français

- DOMINIQUE SCALI

Dans plusieurs écoles, le rattrapage prévu pendant la relâche pour pallier les retards dus à la grève prend la forme d’un camp linguistiq­ue pour les jeunes allophones.

« On voulait quand même qu’ils se sentent en vacances », explique Julie Morin, directrice de l’école primaire SaintVince­nt-Marie, située à Montréal-Nord.

L’école fait partie de celles ouvertes en cette semaine de relâche, comme le permet le plan visant à rattraper les retards accumulés pendant la grève de l’automne.

Une trentaine d’élèves de la 1re à la 6e année passeront chaque matinée de la semaine à l’école. Mais il n’y aura pas de devoirs ou d’examens.

Lorsque Le Journal entre dans la classe de Luciana Arteaga Mantilla, une dizaine de jeunes qui ont l’âge d’être en 3e ou 4e année se tiennent debout en cercle.

« Lève ta main si tu peux sauter en croisant les jambes, lance l’enseignant­e. Qui peut me montrer sa main droite ? »

DES JEUX POUR APPRENDRE

Plus tard, nous les retrouvons dans le gymnase, en train de jouer à une forme sophistiqu­ée de ballon-chasseur. L’activité paraît simple, mais les jeunes doivent bien comprendre les règles et quelle formule magique permet de « dé-li-vrer » un coéquipier.

Dans la salle des professeur­s, des petits de 1re et 2e année épluchent bananes et clémentine­s pour une salade de fruits.

Le but : pratiquer le français dans le concret. Car pour bon nombre d’élèves allophones, le manque d’exposition à la langue de Molière a été une des principale­s conséquenc­es de la grève.

Les jeunes sélectionn­és sont tous en classe d’accueil ou l’ont été dans les dernières années.

« Il y a des élèves qui sont arrivés [au Québec] deux semaines avant la grève. Après ça, ils se sont retrouvés chez eux et ont parlé leur langue maternelle jusqu’au 8 janvier », illustre Mme Morin.

UN BESOIN PARTOUT

À LaSalle, l’école L’Orée-du-Parc ne fait pas partie du même centre de services scolaire. Pourtant, on a aussi opté pour un camp linguistiq­ue.

« Clairement, ça doit être un besoin, si toutes les écoles ont ciblé la même chose », s’exclame la directrice, Marie-Soleil Jacques.

« Le vocabulair­e développé avant la grève, il n’en reste plus grand-chose un mois plus tard. »

Son école recevra tout au long de la semaine environ 45 élèves allophones provenant de six écoles du coin.

Au menu : ateliers technologi­ques où on utilisera marteaux et matériel à mesurer, constructi­on de petits véhicules en bois, cuisine et plein air au parc Angrignon, entre autres activités.

ROUTINE DIFFICILE

« Les élèves sont contents d’être là et nous aussi [...] Ils sont souriants, prêts à embarquer », remarque Rosa Trotta, éducatrice en service de garde à Saint-Vincent-Marie.

Dans un secteur comme Montréal-Nord, c’est important que ce type d’activités soient offertes, souligne celle qui a été une des premières de l’école à se porter volontaire pour le rattrapage.

Reste que les effets des 22 jours de grève sont indéniable­s, selon les personnes interrogée­s.

Par exemple, des élèves qui fonctionna­ient bien avant sont revenus du congé de Noël en faisant des « crisettes » ou en accumulant des retards et absences anormaux.

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1. La classe de Luciana Arteaga Mantilla (au centre) à l’École primaire montréalai­se Saint-Vincent-Marie, pendant la relâche. 2. Julie Morin et Audrey-Ève Champigny-Cholette, directrice et directrice adjointe de cette école. 3. La classe de Viviane Houle-Gagné.
PHOTOS AGENCE QMI, JOËL LEMAY 3 1. La classe de Luciana Arteaga Mantilla (au centre) à l’École primaire montréalai­se Saint-Vincent-Marie, pendant la relâche. 2. Julie Morin et Audrey-Ève Champigny-Cholette, directrice et directrice adjointe de cette école. 3. La classe de Viviane Houle-Gagné.
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