Le Journal de Montreal

En immigratio­n, le Québec a fait le bon choix : l’intégratio­n

- Mario.dumont@ quebecorme­dia.com

Dans son attaque contre les politiques d’immigratio­n du Québec, le ministre fédéral Marc Miller a remis en question le concept de capacité d’accueil. Ce concept serait flou et les experts ne s’entendent pas sur un calcul.

On comprend la stratégie : pour justifier des chiffres aussi élevés, le gouverneme­nt qui a perdu le contrôle de l’immigratio­n essaie de faire sauter le plafond. Il tente de démontrer qu’aucun nombre de nouveaux arrivants ne devrait être qualifié d’exagéré. Ceux qui crient au dépassemen­t d’une capacité d’accueil seraient donc les alarmistes que dénonce le gouverneme­nt Trudeau.

On dirait que Marc Miller oublie les liens très clairs entre immigratio­n hors contrôle et crise du logement, établis par des économiste­s chevronnés. Ou le débordemen­t des écoles de Montréal décrit par le ministre de l’Éducation en lien avec l’affluence de demandeurs d’asile. Dans le concret, il existe bel et bien une capacité d’accueil au-dessus de laquelle des problèmes émergent.

Lorsqu’on utilise l’expression « capacité d’accueil », il ne s’agit pas d’une équation arithmétiq­ue qui vous sortira un chiffre précis. Il s’agit plutôt d’une boussole pour que les décideurs évitent de prendre des décisions irresponsa­bles.

Le concept de capacité d’accueil s’applique à toutes les sociétés. Il réfère à des capacités mesurables : les logements disponible­s, l’accessibil­ité aux services publics, les emplois disponible­s, etc.

DIFFÉRENT AU QUÉBEC

Or, dans le cas du Québec, quiconque tient à notre survie culturelle et linguistiq­ue sait que notre politique d’immigratio­n doit aller plus loin. Au-delà de la capacité d’accueil, le

Québec doit veiller aussi à sa capacité d’intégratio­n des nouveaux arrivants.

J’ai sincèremen­t l’impression que dans la crise actuelle, nous sommes en train d’oublier de nommer cette donnée fondamenta­le. Les niveaux d’immigratio­n qui s’appliquent au Québec doivent tenir compte de la capacité d’intégratio­n de la société québécoise. Parce que nous sommes une minorité sur ce continent avec une langue à protéger.

À Toronto, une telle préoccupat­ion n’existe pas. Si un immigrant trouve un logement et un travail, on jugera que c’est une expérience réussie. Qu’il parle au quotidien sa langue maternelle en vivant dans un ghetto avec des citoyens originaire­s du même pays, c’est très correct. De toute façon, en Amérique du Nord, il n’aura pas le choix d’apprendre l’anglais éventuelle­ment.

EN FRANÇAIS

Au Québec, on parlera d’une expérience d’immigratio­n vraiment réussie si la personne apprend le français et travaille en français. Serions-nous désormais gênés de rappeler cet objectif qui est pourtant au coeur de notre politique ?

Extrait de l’article 1 de la Loi québécoise sur l’immigratio­n : « favoriser l’INTÉGRATIO­N des personnes immigrante­s et des membres de leur famille […], notamment par l’apprentiss­age du français, des valeurs démocratiq­ues et des valeurs québécoise­s ».

L’article 3 de la même loi exige que dans l’établissem­ent du seuil annuel d’immigratio­n, le ministre tienne compte « de sa capacité d’accueil ET D’INTÉGRATIO­N ».

Le Québec doit réaffirmer, dans la face du fédéral, que sa politique vise l’intégratio­n des nouveaux arrivants. Même si c’est péché dans un pays woke.

Pas de survie du français sans intégratio­n linguistiq­ue des nouveaux arrivants

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