Le Journal de Montreal

Une métropole sale est une métropole négligée

- Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique

Il y a la guerre en Ukraine. Le conflit au Moyen-Orient. La pauvreté s’étend en Occident. La crise du logement s’envenime. Nos services publics sont détraqués. La rougeole est de retour au Québec et le scorbut revient en Angleterre.

C’est sûr que dans le palmarès des malheurs de l’humanité, des rues et des ruelles dégueulass­ement sales à Montréal, c’est de la très petite bière.

N’empêche qu’avec la montagne de taxes que les Montréalai­s paient à leur ville, rien ne justifie ce rituel nauséabond qui, année après année, nous revient en plein visage dès que la neige fond.

S’il reste ne serait-ce qu’un seul sceptique dans la salle, le reportage de notre collègue Louis-Philippe Messier publié mardi dans nos pages devrait régler son problème.

Photos graphiques à l’appui, plusieurs trottoirs et rues de Montréal, y compris de grandes artères, sont en effet des dépotoirs à ciel ouvert.

Les sacs d’ordures éventrés aux quatre vents s’empilent à vue d’oeil. Des excréments de chiens et d’humains s’ajoutent au portrait. Des bacs à compostage sont renversés sur les trottoirs. Des sacs de recyclage aussi.

POUBELLES INTROUVABL­ES OU DÉBORDANTE­S

Sans compter les tonnes de tasses et verres jetables, jetés non pas dans des poubelles soit introuvabl­es, soit débordante­s d’ordures, mais littéralem­ent lancés dans les rues et sur des parterres privés.

Bref, ceci n’est assurément PAS la très défusionné­e Ville Mont-Royal où tout est nickel. Ceci est bel et bien Montréal. La métropole hautement négligée et sale de la « Belle Province ».

Il faut aussi dire que le timide début de nettoyage, comme tout le reste par ailleurs dans cette ville, est à géométrie hautement variable. Bref, ça dépend des arrondisse­ments.

Certains bougent. D’autres, dont celui de la mairesse, si on me passe l’expression dans les circonstan­ces, s’en lavent les mains.

Il y a également le manque évident de civisme de plusieurs Montréalai­s, riches ou non, quidams ou commerçant­s. Incapables de nettoyer même leur propre entrée, comme s’ils avaient peur d’en mourir.

Et que dire de tous ceux qui s’amusent comme des petits fous dans le grand festival du lancer olympique de détritus sur les pavés ? Incluant des seringues souillées et des condoms usagés. Un grand classique.

QUE FAIRE ?

Alors, comme disait Lénine, que faire ? (C’est une blague de politologu­e formée à l’UQAM. Voir Google...)

L’éducation à un vrai civisme toutes catégories serait fort utile. Nul doute là-dessus. Or, dans notre société, c’est silence radio sur le sujet.

Il est vrai que nous ne sommes tout de même plus à l’époque où les hommes crachaient sur les trottoirs comme des ruminants de campagne ou se curaient les dents en public comme au temps de la colonie.

Il n’en reste pas moins que le manque ahurissant de salubrité à Montréal – et donc de respect pour les humains et l’environnem­ent – est inexcusabl­e. Tout d’abord chez les élus municipaux fort bien rémunérés merci et dont c’est la responsabi­lité. Ensuite, chez les citoyens.

On dit que pour nous, pauvres mortels, la ponctualit­é est la politesse des dieux. Dans une grande ville, la propreté devrait l’être tout autant.

C’est bien beau les cols bleus qui plantent des fleurs au printemps et les arrosent même quand il pleut à boire debout.

Mais si elles poussent à côté d’un amoncellem­ent de sacs verts éventrés avec des rats qui dansent le tango autour, c’est pas mal moins joli, ça sent pas mal moins bon et c’est pas mal plus dangereux pour la santé...

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Le manque ahurissant de salubrité à Montréal est inexcusabl­e. Tout d’abord chez les élus municipaux fort bien rémunérés merci et dont c’est la responsabi­lité. Ensuite, chez les citoyens.

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