Elle poursuit Bell pour 12 millions $
Andria D’Elia tient le géant des télécommunications responsable du vol de 314 000 dollars en cryptomonnaie
Une entrepreneure qui se serait fait subtiliser ses cryptomonnaies en 45 secondes par un employé de Virgin Mobile lors de l’achat d’une tablette neuve vient d’intenter une poursuite civile de 12 millions de dollars contre la maison-mère de l’entreprise, Bell Mobilité, qui refuse d’admettre tout tort.
« La tablette avait été manipulée précédemment à sa vente et des logiciels espions y avaient été installés, ce qui permettait [au fraudeur] de la contrôler à distance », affirme Andria D’Elia dans une poursuite civile rendue publique hier au palais de justice de Montréal.
Mme D’Elia, une entrepreneure de Mirabel, explique qu’elle se serait fait arnaquer il y a trois ans, lorsqu’elle avait décidé d’investir dans les cryptomonnaies. Elle avait alors acheté pour un peu plus d’un demi-million de bitcoins et d’une autre monnaie virtuelle. Elle a ensuite voulu acheter une tablette pour sécuriser son portefeuille numérique, si bien qu’elle s’est rendue à la Place Rosemère, dans un kiosque de Virgin Mobile, propriété de Bell Mobilité.
« Elle avait pleine confiance en raison de la réputation de Bell », est-il indiqué dans le document de cour.
Sur place, elle aurait parlé au gérant du kiosque, Guillaume Veillette, lui aussi poursuivi. Et ce dernier aurait alors prétexté être à court de tablettes iPad, si bien qu’il devait aller en chercher au magasin Bell d’à côté. Il serait revenu 20 minutes plus tard, avec l’appareil prêt à être utilisé.
FLOUÉE EN 45 SECONDES
Ainsi, une fois chez elle, la femme dit avoir voulu se connecter sur un site légitime de cryptomonnaie, mais, sans le savoir, elle a plutôt été redirigée vers un faux site où elle a entré ses identifiants, pour ensuite se faire frauder.
« En l’espace d’environ 45 secondes […], un individu sans scrupule a réussi à subtiliser 314 000 $ en cryptomonnaie bitcoin. »
Apeurée et qualifiant ce vol « digne d’un film d’espionnage », elle dit être retournée au kiosque où elle aurait été arrêtée pour « intimidation et menaces » en raison d’une plainte du gérant. La femme a été détenue, mais, finalement, aucune accusation n’a été déposée.
BELL REJETTE LE BLÂME SUR ELLE
Décidée à retrouver son argent, la femme a alors mené son enquête, retenant entre autres les services d’une firme de sécurité informatique pour découvrir que son iPad contenait des logiciels espions. Elle avait également eu à retenir les services d’un criminaliste, Me Christopher Mediati.
Elle a aussi pu mettre la main sur des images de surveillance, qui montreraient le gérant en train de photographier des informations confidentielles sur l’ordinateur du kiosque.
Mme D’Elia dit avoir expliqué la situation à Bell, qui lui aurait toutefois répondu qu’il était « plus probable » que ce soit elle, la responsable de son propre malheur.
« Mme D’Elia n’a été qu’une innocente victime de ce stratagème frauduleux », a rétorqué Me Damien Pellerin, qui pilote le recours civil.
Il a donc intenté une action en justice afin de récupérer les sommes perdues, mais aussi des dédommagements totalisant 12 millions $, en raison des 14 235 heures que Mme D’Elia dit avoir consacrées à prouver qu’elle avait été bel et bien été arnaquée, ainsi que tous ses frais.
« LA TABLETTE AVAIT ÉTÉ MANIPULÉE PRÉCÉDEMMENT À SA VENTE ET DES LOGICIELS ESPIONS Y AVAIENT ÉTÉ INSTALLÉS, CE QUI PERMETTAIT [AU FRAUDEUR] DE LA CONTRÔLER À DISTANCE. »
– Andria D’Elia, plaignante
À moins d’un règlement à l’amiable, la poursuite civile sera prochainement présentée à la Cour supérieure du Québec.