Le Journal de Montreal

Un prêtre retourne volontaire­ment dans la rue

Il souhaite sensibilis­er les gens sur la crise du logement dans la métropole Un ancien itinérant devenu prêtre, qui a fait de l’aide aux plus démunis sa vocation, vient de retourner volontaire­ment dans la rue afin de dénoncer le manque d’action des gouve

- MICHAËL NGUYEN

« Il y a tellement de familles dans le besoin, qui sont à un pied de tomber dans la rue… Quand j’entends des enfants pleurer de faim parce que leurs mères doivent choisir entre le loyer et la nourriture, ça me touche tellement », affirme l’abbé Claude Paradis, devant sa tente plantée au centre-ville de Montréal.

Gros manteau d’hiver par-dessus son col romain, le prêtre était prêt à affronter les nuits humides, seul, en guise de « manifestat­ion silencieus­e » en soutien aux familles qui peinent à se loger.

Pour l’abbé Paradis, il est ainsi essengou[Valérie tiel « d’éveiller la conscience des vernements et de la mairesse Plante] » face au visage de la pauvreté qui a beaucoup changé selon lui.

REDISTRIBU­ER

C’est qu’avant de devenir un religieux, l’abbé était toxicomane. La rue, il l’a connue. Et même après avoir été ordonné prêtre, il est resté proche des gens en itinérance, leur apportant son soutien chaque fois qu’il le pouvait.

« Tous les jours, je reçois des appels de familles dans le besoin ou en situation précaire », a dit celui qui a fondé l’organisme Notre-Dame de la rue, pour amasser des dons, qu’il redistribu­e.

Mais par solidarité, il a décidé d’aller plus loin en se mettant volontaire­ment en situation d’itinérance, tout en jeûnant. Sa première nuit, sur le terrain de Cathédrale Marie-Reine-du-Monde, à côté de la Place Bonaventur­e, lui a d’ailleurs rappelé la difficulté de vivre dans la rue.

« J’étais à l’affût de chaque petit bruit, des gens qui passaient proche », explique-t-il, rappelant que de vivre dans la rue comporte des risques pour la sécurité, notamment en raison des problèmes de santé mentale qui se développen­t souvent chez les gens vulnérable­s.

DÉVOTION

Mais même s’il peut très bien continuer à officier dans un lieu chauffé et dormir dans un bon lit, l’abbé Paradis ne compte pas abandonner, et se dit prêt à rester là pendant plusieurs semaines. En 24 heures, il avait d’ailleurs récolté quelques billets, avec lesquels il compte distribuer de la nourriture aux sans-abri.

« Monsieur l’abbé est courageux d’agir ainsi pour mettre en lumière une situation qui ne fait qu’empirer », a pour sa part commenté Fiona Crossling, directrice générale de l’Accueil Bonneau, un organisme de lutte contre l’itinérance.

Elle constate elle aussi que « de plus en plus de gens vulnérable­s » demandent l’aide de l’organisme voué à la lutte contre l’itinérance, en affirmant que la constructi­on de logements est essentiell­e.

Selon des données du Front d’action populaire en réaménagem­ent urbain (FRAPRU), 10 % des ménages qui louent à Montréal consacrent plus de la moitié de leurs revenus en loyer. Et si une bonne partie d’entre eux était admissible à une habitation à loyer modique, le temps d’attente moyen est de cinq ans.

« Le taux d’inoccupati­on des logements est bas, les loyers montent en accéléré… Beaucoup de gens sont à un mois de se retrouver à la rue », explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

« Je veux que les gens comprennen­t l’ampleur du phénomène », a d’ailleurs conclu l’abbé Paradis, avant d’aller se réchauffer dans sa petite tente, munie d’un simple matelas, avant de se préparer à réciter une prière.

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PH OTOS PIERRE-PAUL POULIN Claude Paradis va s’installer dans une tente et jeûner pendant une semaine afin de dénoncer la crise du logement. À gauche, son tatouage de Jésus, où il est inscrit « dealer d’espoir ».
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