Le Journal de Montreal

« Super mardi » : Trump gagne, mais son armure est fissurée

- @PMartin_UdeM

La victoire de Donald Trump aux primaires s’accompagne de vulnérabil­ités. Joe Biden devra saisir l’occasion du discours sur l’état de l’Union pour prendre l’initiative de la vraie campagne qui ne fait que commencer.

Les électeurs de 15 États étaient conviés aux urnes mardi pour la plus importante journée de la saison des primaires. Il n’y a pas eu de grandes surprises.

Pour rester dans la course, la républicai­ne Nikki Haley devait augmenter ses appuis. Elle n’y est pas parvenue. Elle a admis sa défaite hier, probableme­nt après que ses bailleurs de fonds lui eurent signifié qu’ils fermaient le robinet.

TRIOMPHE MITIGÉ POUR TRUMP

À moins d’une interventi­on de la Providence, les électeurs devront, bien malgré eux, choisir entre Trump et Biden en novembre.

Mardi soir, Donald Trump a livré un discours de victoire rempli de mensonges que Fox News a qualifié de « low energy ». Il a ensuite accueilli hier la concession de Haley avec la « classe » qu’on lui connaît – c’est-à-dire aucune.

Le vote pour Haley révèle un noyau modeste mais solide de résistance à Trump dans l’électorat républicai­n. Trump s’est présenté aux républicai­ns comme s’il était effectivem­ent président et ceux-ci le perçoivent depuis longtemps comme le candidat inévitable. Une bonne partie a néanmoins voté contre lui et les sondages révèlent que suffisamme­nt d’entre eux sont déterminés à ne pas l’appuyer en novembre, pour mettre sa victoire sérieuseme­nt en doute.

Qu’a fait Trump pour rallier ces républicai­ns dissidents ? Rien. Son appel à l’unité consistait essentiell­ement à leur demander de se plier au culte de sa personnali­té. Ça ne marchera pas pour les républicai­ns qui en ont marre de ses frasques et de ses démêlés avec la justice.

Une autre faiblesse de Trump à ce stade-ci est l’état inquiétant de sa caisse électorale, alors que des dizaines de millions de dollars ont été détournés pour payer son armée d’avocats.

DES DÉFIS POUR BIDEN

Du côté démocrate, Biden a dominé par des marges plus nettes et l’unité de son parti fait moins de doute. Tout n’est pas gagné pour autant. Les sondages lui sont défavorabl­es et il ne peut pas les ignorer.

Biden ne peut pas faire grandchose avec la principale inquiétude des électeurs à son sujet, son âge, mais il peut la désamorcer, surtout si l’élection est présentée comme un choix entre lui et Trump, qui est à peine moins âgé et qui en perd des bouts plus souvent qu’à son tour.

Biden devra répondre aux mouvements de protestati­on qui ont émergé à sa gauche pendant les primaires, notamment, en nuançant son appui à Israël et en donnant des suites concrètes au virage récent en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza.

En matière économique, Biden devra utiliser les ressources de son parti et son mégaphone présidenti­el pour réaligner les perception­s avec la réalité de l’économie américaine qui performe extrêmemen­t bien selon plusieurs indicateur­s.

Pour cela, le discours sur l’état de l’Union sera déterminan­t. Biden devra exposer clairement les réalisatio­ns de son administra­tion et il devra ensuite enfoncer le clou dans les semaines qui viennent en soulignant les contrastes entre son opposant et lui.

Ce soir, la vraie campagne présidenti­elle commence.

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