« Super mardi » : Trump gagne, mais son armure est fissurée
La victoire de Donald Trump aux primaires s’accompagne de vulnérabilités. Joe Biden devra saisir l’occasion du discours sur l’état de l’Union pour prendre l’initiative de la vraie campagne qui ne fait que commencer.
Les électeurs de 15 États étaient conviés aux urnes mardi pour la plus importante journée de la saison des primaires. Il n’y a pas eu de grandes surprises.
Pour rester dans la course, la républicaine Nikki Haley devait augmenter ses appuis. Elle n’y est pas parvenue. Elle a admis sa défaite hier, probablement après que ses bailleurs de fonds lui eurent signifié qu’ils fermaient le robinet.
TRIOMPHE MITIGÉ POUR TRUMP
À moins d’une intervention de la Providence, les électeurs devront, bien malgré eux, choisir entre Trump et Biden en novembre.
Mardi soir, Donald Trump a livré un discours de victoire rempli de mensonges que Fox News a qualifié de « low energy ». Il a ensuite accueilli hier la concession de Haley avec la « classe » qu’on lui connaît – c’est-à-dire aucune.
Le vote pour Haley révèle un noyau modeste mais solide de résistance à Trump dans l’électorat républicain. Trump s’est présenté aux républicains comme s’il était effectivement président et ceux-ci le perçoivent depuis longtemps comme le candidat inévitable. Une bonne partie a néanmoins voté contre lui et les sondages révèlent que suffisamment d’entre eux sont déterminés à ne pas l’appuyer en novembre, pour mettre sa victoire sérieusement en doute.
Qu’a fait Trump pour rallier ces républicains dissidents ? Rien. Son appel à l’unité consistait essentiellement à leur demander de se plier au culte de sa personnalité. Ça ne marchera pas pour les républicains qui en ont marre de ses frasques et de ses démêlés avec la justice.
Une autre faiblesse de Trump à ce stade-ci est l’état inquiétant de sa caisse électorale, alors que des dizaines de millions de dollars ont été détournés pour payer son armée d’avocats.
DES DÉFIS POUR BIDEN
Du côté démocrate, Biden a dominé par des marges plus nettes et l’unité de son parti fait moins de doute. Tout n’est pas gagné pour autant. Les sondages lui sont défavorables et il ne peut pas les ignorer.
Biden ne peut pas faire grandchose avec la principale inquiétude des électeurs à son sujet, son âge, mais il peut la désamorcer, surtout si l’élection est présentée comme un choix entre lui et Trump, qui est à peine moins âgé et qui en perd des bouts plus souvent qu’à son tour.
Biden devra répondre aux mouvements de protestation qui ont émergé à sa gauche pendant les primaires, notamment, en nuançant son appui à Israël et en donnant des suites concrètes au virage récent en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza.
En matière économique, Biden devra utiliser les ressources de son parti et son mégaphone présidentiel pour réaligner les perceptions avec la réalité de l’économie américaine qui performe extrêmement bien selon plusieurs indicateurs.
Pour cela, le discours sur l’état de l’Union sera déterminant. Biden devra exposer clairement les réalisations de son administration et il devra ensuite enfoncer le clou dans les semaines qui viennent en soulignant les contrastes entre son opposant et lui.
Ce soir, la vraie campagne présidentielle commence.