Le Journal de Montreal

Finir de payer sa maison avant la retraite ou investir dans son REER ?

- Emmanuelle.gril@ quebecorme­dia.com

Une lectrice de 57 ans veut savoir si elle devrait finir de payer sa maison ou au contraire accélérer les cotisation­s à son REER en prévision de la retraite.

Notre lectrice gagne 60 000 $ par an et vit seule. Elle devrait avoir terminé de rembourser entièremen­t son hypothèque dans moins de deux ans, mais on lui a plutôt suggéré de réhypothéq­uer sa propriété et de verser les mensualité­s économisée­s dans un REER ou un CELI.

« Je me demande si ce serait une bonne affaire, car je voulais être libre de paiements de maison avant 60 ans et éventuelle­ment continuer à travailler jusqu’à 65 ans. Je n’ai pas vraiment de projets de voyage pour la retraite, je voudrais simplement vivre confortabl­ement », nous écrit-elle.

Quelle serait la meilleure option pour elle ?

MAXIMISER SON ÉPARGNE

« Finir de payer sa maison et l’un des principaux objectifs des Québécois et les personnes qui y parviennen­t en tirent une grande fierté. C’est un objectif très louable, mais il ne faudrait pas que cela nous rende aveugles aux autres options qui s’offrent à nous », mentionne Jean-François Rémillard, conseiller en sécurité financière chez Gestion de patrimoine Séquito.

Après avoir analysé le dossier de notre lectrice, il a d’abord constaté que son épargne est un peu faible si, à la retraite, elle n’a pas accès à un fonds de pension d’un employeur. Son REER est en effet de 45 000 $ et son CELI de 15 000 $.

« Au lieu de rembourser toute son hypothèque d’ici deux ans, elle pourrait aussi différer cette cible et cotiser chaque année jusqu’à ses 65 ans le maximum permis à un fonds de travailleu­rs (Fonds de solidarité FTQ ou Fondaction), ce qui lui offrira 30 % d’économie d’impôt supplément­aire », explique-t-il.

Le maximum de cotisation dans ces fonds s’élève à 5000 $ annuelleme­nt, ce qui lui donnerait droit à un remboursem­ent d’impôt de 1806 $ dans sa fourchette d’impôt, ainsi qu’à un crédit d’impôt de 1500 $.

« Ainsi, elle pourrait accumuler un REER à faible coût. Et puisque son taux d’imposition devrait être moindre à la retraite, probableme­nt à 26,53 %, un retrait de 5000 $ lui laissera alors net dans les poches 3674 $ », calcule Jean-François Rémillard.

Ce cadeau fiscal de 2000 $ ne tient pas compte des gains de placement que cette épargne pourrait générer.

Si l’on est à moins de dix ans de la retraite, le conseiller recommande de toujours envisager les fonds de travailleu­rs en premier.

EMPRUNTER SUR LA VALEUR DE LA PROPRIÉTÉ

Serait-il plus avantageux d’emprunter sur la valeur de sa propriété et d’investir ce montant ? Avec un portefeuil­le de placements axé sur la croissance, on peut espérer obtenir un rendement supérieur au coût d’emprunt.

Mais, il faut bien faire ses calculs, car les taux d’intérêt sont élevés actuelleme­nt, ce qui rend cette option plus hasardeuse.

« On doit avoir une bonne tolérance au risque, car la Bourse n’est pas un long fleuve tranquille… Il faut également prévoir un horizon de placement de moyen à long terme pour pouvoir espérer obtenir un rendement moyen intéressan­t », prévient Jean-François Rémillard, qui ajoute que pour être avantageux, un investisse­ment dans un REER devrait toujours vous procurer un bon remboursem­ent d’impôt.

Dans le cas précis de notre lectrice, il manquait quelques données au conseiller pour pouvoir faire une

recommanda­tion définitive.

AUTRE OPTION À ENVISAGER

La lectrice mentionne qu’elle voudrait avoir un revenu confortabl­e à la retraite. Selon Jean-François Rémillard, les profession­nels du domaine utilisent généraleme­nt la règle des 70 % du revenu d’emploi à la retraite.

« C’est viable si l’on considère qu’il n’y aura plus de déductions à la source à payer sur les revenus – assurance-emploi, RQAP, RRQ – ni de dépenses liées à l’emploi, et que l’on n’a plus besoin d’épargner pour la retraite non plus », dit-il.

Au bout de quelques années à la retraite, si notre épargne vient à s’épuiser, le conseiller souligne que l’on pourrait aussi envisager de monétiser la valeur de sa propriété, par exemple en ayant recours à sa marge de crédit hypothécai­re ou encore en envisagean­t de faire une hypothèque inversée.

« Finir de payer sa maison […] est un objectif très louable, mais il ne faudrait pas que cela nous rende aveugles aux autres options qui s’offrent à nous. »

– Jean-François Rémillard, conseiller en sécurité financière

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