Finir de payer sa maison avant la retraite ou investir dans son REER ?
Une lectrice de 57 ans veut savoir si elle devrait finir de payer sa maison ou au contraire accélérer les cotisations à son REER en prévision de la retraite.
Notre lectrice gagne 60 000 $ par an et vit seule. Elle devrait avoir terminé de rembourser entièrement son hypothèque dans moins de deux ans, mais on lui a plutôt suggéré de réhypothéquer sa propriété et de verser les mensualités économisées dans un REER ou un CELI.
« Je me demande si ce serait une bonne affaire, car je voulais être libre de paiements de maison avant 60 ans et éventuellement continuer à travailler jusqu’à 65 ans. Je n’ai pas vraiment de projets de voyage pour la retraite, je voudrais simplement vivre confortablement », nous écrit-elle.
Quelle serait la meilleure option pour elle ?
MAXIMISER SON ÉPARGNE
« Finir de payer sa maison et l’un des principaux objectifs des Québécois et les personnes qui y parviennent en tirent une grande fierté. C’est un objectif très louable, mais il ne faudrait pas que cela nous rende aveugles aux autres options qui s’offrent à nous », mentionne Jean-François Rémillard, conseiller en sécurité financière chez Gestion de patrimoine Séquito.
Après avoir analysé le dossier de notre lectrice, il a d’abord constaté que son épargne est un peu faible si, à la retraite, elle n’a pas accès à un fonds de pension d’un employeur. Son REER est en effet de 45 000 $ et son CELI de 15 000 $.
« Au lieu de rembourser toute son hypothèque d’ici deux ans, elle pourrait aussi différer cette cible et cotiser chaque année jusqu’à ses 65 ans le maximum permis à un fonds de travailleurs (Fonds de solidarité FTQ ou Fondaction), ce qui lui offrira 30 % d’économie d’impôt supplémentaire », explique-t-il.
Le maximum de cotisation dans ces fonds s’élève à 5000 $ annuellement, ce qui lui donnerait droit à un remboursement d’impôt de 1806 $ dans sa fourchette d’impôt, ainsi qu’à un crédit d’impôt de 1500 $.
« Ainsi, elle pourrait accumuler un REER à faible coût. Et puisque son taux d’imposition devrait être moindre à la retraite, probablement à 26,53 %, un retrait de 5000 $ lui laissera alors net dans les poches 3674 $ », calcule Jean-François Rémillard.
Ce cadeau fiscal de 2000 $ ne tient pas compte des gains de placement que cette épargne pourrait générer.
Si l’on est à moins de dix ans de la retraite, le conseiller recommande de toujours envisager les fonds de travailleurs en premier.
EMPRUNTER SUR LA VALEUR DE LA PROPRIÉTÉ
Serait-il plus avantageux d’emprunter sur la valeur de sa propriété et d’investir ce montant ? Avec un portefeuille de placements axé sur la croissance, on peut espérer obtenir un rendement supérieur au coût d’emprunt.
Mais, il faut bien faire ses calculs, car les taux d’intérêt sont élevés actuellement, ce qui rend cette option plus hasardeuse.
« On doit avoir une bonne tolérance au risque, car la Bourse n’est pas un long fleuve tranquille… Il faut également prévoir un horizon de placement de moyen à long terme pour pouvoir espérer obtenir un rendement moyen intéressant », prévient Jean-François Rémillard, qui ajoute que pour être avantageux, un investissement dans un REER devrait toujours vous procurer un bon remboursement d’impôt.
Dans le cas précis de notre lectrice, il manquait quelques données au conseiller pour pouvoir faire une
recommandation définitive.
AUTRE OPTION À ENVISAGER
La lectrice mentionne qu’elle voudrait avoir un revenu confortable à la retraite. Selon Jean-François Rémillard, les professionnels du domaine utilisent généralement la règle des 70 % du revenu d’emploi à la retraite.
« C’est viable si l’on considère qu’il n’y aura plus de déductions à la source à payer sur les revenus – assurance-emploi, RQAP, RRQ – ni de dépenses liées à l’emploi, et que l’on n’a plus besoin d’épargner pour la retraite non plus », dit-il.
Au bout de quelques années à la retraite, si notre épargne vient à s’épuiser, le conseiller souligne que l’on pourrait aussi envisager de monétiser la valeur de sa propriété, par exemple en ayant recours à sa marge de crédit hypothécaire ou encore en envisageant de faire une hypothèque inversée.
« Finir de payer sa maison […] est un objectif très louable, mais il ne faudrait pas que cela nous rende aveugles aux autres options qui s’offrent à nous. »
– Jean-François Rémillard, conseiller en sécurité financière