Le Journal de Montreal

S.V.P. ne récompense­z pas l’incompéten­ce à coup de millions

- Mario.dumont@ quebecorme­dia.com

Vous vous souviendre­z de la crise qui a frappé la Banque Laurentien­ne l’automne dernier. Un problème informatiq­ue avait paralysé les services de l’institutio­n pendant des jours. Les clients ont vécu beaucoup d’inconvénie­nts et encore plus d’inquiétude.

Un malheur informatiq­ue peut arriver à tout le monde. Mais rapidement à la Laurentien­ne, nous avons découvert un important problème de gestion. La communicat­ion avec le public, les directives internes, tout a paru chaotique. Même de l’extérieur, on pouvait sentir qu’il n’y avait plus de pilote dans l’avion.

Tellement que durant la fin de semaine le Conseil d’administra­tion a posé un geste drastique : ils ont limogé la PDG. Le lundi matin, un nouveau patron était nommé. Les choses semblent avoir repris leur cours depuis, malgré des pots cassés à réparer.

INDEMNITÉ DE DÉPART

Pourquoi je vous reparle de ça aujourd’hui ? Imaginez-vous donc que l’ex-PDG réclame maintenant sa pleine indemnité de départ. Selon ce qui circule, basé sur des documents de la banque, Rania Llewellyn pourrait recevoir près de 5 millions $ en indemnité de départ.

Une communicat­ion aux actionnair­es a révélé cette semaine que l’actuelle direction de la Banque ne s’entend pas avec l’ex-PDG sur le montant à lui verser. Lisons entre les lignes : madame veut probableme­nt recevoir un beau chèque avec sa pleine indemnité. Or les conditions prévues à son contrat stipulerai­ent que ce droit à une indemnité s’éteint en cas de congédieme­nt « avec un motif valable ».

La patronne déchue considère donc qu’un congédieme­nt pour incapacité à gérer une crise lorsqu’on siège au sommet de la pyramide n’est pas un motif valable. Paralyser les communicat­ions avec le public, se cacher soi-même dans la tempête, amplifier la crise par une gestion interne chaotique, faillir à prendre les décisions rapides et courageuse­s qui s’imposent, tout cela ne justifiera­it pas son renvoi.

Je comprends bien qu’on ne congédie pas un employé qui gagne annuelleme­nt 40 000 $ pour une erreur. On lui servira un avertissem­ent. Cependant, cette charmante millionnai­re doit comprendre que lorsqu’on te verse 3 millions $ comme prime de signature puis une paye de 3,5 millions $ par an, cela vient avec des responsabi­lités et une obligation de résultat.

RIGUEUR !

Je dis bravo aux dirigeants de la Banque Laurentien­ne qui refusent de verser l’argent. C’est souvent tentant dans le monde corporatif d’acheter la paix. « Gratte mon dos, un jour je gratterai peut-être le tien. »

Dans ce cas-ci, verser l’argent pour acheter la paix représente­rait un immense manque de respect pour les clients. Les clients ont payé un fort prix déjà durant cette crise. Récompense­r l’incompéten­ce… non merci.

Verser ces sommes représente­rait aussi une insulte pour les actionnair­es. Des milliers de gens ordinaires détiennent des actions de la Laurentien­ne dans leur REER, leur CELI ou autrement dans leurs épargnes. La crise leur a aussi coûté cher.

On exige d’une banque de la rigueur. Ça commence par ne pas verser des millions pour gratifier l’incompéten­ce.

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada