Le Journal de Montreal

Humoriste de la relève… à 75 ans

Ce débutant tardif fait rigoler en spectacle un public qui a souvent le tiers de son âge

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Dans les soirées d’humour à « micro ouvert » où se produit Roger Ménard depuis l’automne dernier, de nombreux spectateur­s ont moins du tiers de son âge… mais j’ai pu constater que le courant passe !

Parmi la panoplie de millénaria­ux et de Z, ce boomer à l’oeil pétillant détonne. Et dans ce petit milieu, le bouche-à-oreille fait déjà son travail.

« On ne le connaissai­t pas, mais on s’est renseigné sur lui auprès d’autres micros ouverts auxquels il a participé, et on nous l’a recommandé », me confie Philippe Drolet, l’animateur de la soirée Open mic au Vieux Saint-Hubert, tous les lundis à 20 h.

En arrivant dans ce bar karaoké en demisous-sol méconnu du grand public, mais mythique auprès des étudiants en communicat­ion de l’UQAM pour ses spéciaux « Un pichet de bière et 4 shooters à 20 $ », j’étais nerveux.

OK BOOMER ?

Mon humoriste débutant de 75 ans allaitil se faire accueillir par un cruel « OK boomer » ?

Eh non ! Ça s’est très bien passé. Des neuf humoristes au programme, Roger est celui qui a généré le plus fort volume de rires avec son « humour de papa » à la puissance 10, un mélange de Marc Favreau (Sol) et de Gilles Latulippe.

Les jeunes humoristes se plaisent souvent à creuser leur spécificit­é, Roger Ménard, lui, ne parle pas de lui-même ou de son âge, sinon pour en dire des absurdités comiques.

Il multiplie et conjugue les calembours jusqu’à ce que le cerveau de l’auditeur surchauffe.

Impossible de comprendre toutes ses blagues du premier coup.

Quand on est encore en train d’essayer de comprendre un jeu de mots moins évident, il nous en balance d’autres en rafale.

ESSAYER… DE NE PAS RIRE

Il faut essayer de ne pas trop rire pour ne pas rater les gags suivants.

Difficile de croire que c’est seulement sa neuvième soirée du genre.

Il a aussi récemment donné des spectacles dans deux fêtes privées, dont une dans un centre de soins palliatifs où il est bénévole.

« Ça faisait 50 ans que tout le monde me disait que je devais faire de l’humour, mais j’ai toujours eu peur de me lancer… Au moins, j’ai osé maintenant et pas seulement à 90 ans ! » me dit M. Ménard, qui aime à dire qu’il est « la relève d’Yvon Deschamps ».

Il a donc attendu de 1973 à 2023 pour finalement monter sur scène. Puisqu’il a tellement de facilité, regrette-t-il d’avoir tant hésité ?

« Je n’ai pas de regrets, non, j’ai eu une belle vie bien remplie et une belle carrière », me dit celui a été représenta­nt pour l’organisme Centraide du Grand Montréal après une longue carrière au service correction­nel.

UN TOUCHE À TOUT

« J’ai exploité une PME de correction de français. J’ai fait 45 croisières depuis 2009. J’ai fait du théâtre amateur et de la danse sociale, joué au hockey, collection­né des juke-box et construit sept maisons. »

Il se fera peut-être payer un jour pour ses performanc­es, mais ce n’est pas du tout son but.

« J’adore ce que je fais. Le rire des gens, c’est ma paie. Je recommande aux gens incapables de rire de demander l’aide médicale à sourire, ça leur donnera la faim de vie ! »

Même en entrevue avant le spectacle, Roger pousse trois jeux de mots par minute… minimum !

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 ?? PHOTOS LOUIS-PHILIPPE MESSIER ?? Roger Ménard, humoriste débutant à 75 ans, est très à l’aise sur scène, au bar karaoke Au Vieux Saint-Hubert dans le village gai.
PHOTOS LOUIS-PHILIPPE MESSIER Roger Ménard, humoriste débutant à 75 ans, est très à l’aise sur scène, au bar karaoke Au Vieux Saint-Hubert dans le village gai.

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