La nouvelle coalition conservatrice canadienne de Pierre Poilievre
Il se passe quelque chose au Canada. Il se passe quelque chose chez les électeurs canadiens.
Il se passe quelque chose qui va au-delà de la fatigue du gouvernement Trudeau.
LES NOUVEAUX CONSERVATEURS
Ce quelque chose pourrait se résumer par une nouvelle coalition conservatrice, qui dépasse l’image stéréotypée qu’on peut se faire des conservateurs, du cowboy albertain au camionneur d’Ottawa jusqu’au conservateur religieux.
À 41 % selon le dernier sondage Léger, les conservateurs de Pierre Poilievre coalisent de nouveaux électeurs, hors de leur cercle habituel.
Fait nouveau d’abord : on voit que les jeunes, ceux en dessous de 40 ans, souvent des hommes, souvent en banlieue, appuient majoritairement les conservateurs. Oui, vous avez bien lu : le Parti de la jeunesse, c’est désormais le Parti conservateur !
Fâchés – ou désespérés – de constater que leur pouvoir d’achat diminue, qu’ils paient une hypothèque trop élevée par rapport à leur salaire ou qu’ils sont incapables d’accéder à la propriété, ils voient en Poilievre une figure du changement. Ces jeunes croient, tout comme lui, que le Canada est brisé. Ils ont la nostalgie du temps, qu’ils n’ont pas connu, d’un Canada qui fonctionnait.
Autre changement : les travailleurs syndiqués – les cols bleus – se détournent du NPD et de Jagmeet Singh. Le bilan Singh – assurance dentaire, assurance médicaments et loi anti-briseurs de grève – ne leur dit rien.
Poilievre le sait : il se dit lui-même dans le camp des travailleurs, malgré son antisyndicalisme. Il a voté pour la loi anti-briseurs de grève, ce qui est inédit pour les conservateurs. C’est là que son discours populiste – les élites contre le peuple – fonctionne.
Et finalement, autre mouvement électoral : les communautés culturelles, souvent idéologiquement plus conservatrices tout en étant traditionnellement libérales, appuient de plus en plus Poilievre. Cela n’est pas un hasard.
Partout en Occident, le conservatisme fédère le même type d’électeur que Poilievre attire.
Ce fut le cas au Royaume-Uni avec Boris Johnson et aux États-Unis avec Trump.
C’est aussi la réussite de Pierre Poilievre qui, malgré son style et ses exagérations, réussit à créer une coalition conservatrice inédite en politique canadienne.