Le Journal de Montreal

18 M$ réclamés pour de l’intimidati­on

Les cinq enfants d’une famille de la Montérégie en auraient été victimes par leurs pairs ou par des adultes

- DOMINIQUE SCALI Le Journal de Montréal

Une famille de la Montérégie poursuit son centre de services scolaire pour 18 M$ pour les séquelles engendrées par l’intimidati­on et les traitement­s arbitraire­s subis par ses cinq enfants dans trois écoles différente­s.

« Le papa qui s’est fâché [à Berthiervi­lle], ça aurait pu être nous », lance Marie-Josée De Celles, en référence à la vidéo virale d’un homme qui s’en est pris à l’intimidate­ur de son fils au début février.

« On a choisi la voie des tribunaux à la place », dit cette mère de cinq enfants, dont la plupart sont aujourd’hui adultes.

Les deux parents et les cinq enfants de la famille De Celles-Côté poursuiven­t le Centre de services scolaire des Hautes-Rivières (CSSDHR).

La requête, déposée au palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu en septembre dernier, détaille des faits qui se seraient déroulés entre 2003 et 2021 dans trois établissem­ents, dont l’école primaire Napoléon-Bourassa et l’école secondaire Joséphine-Dandurand.

Les cinq enfants auraient vécu de l’intimidati­on, soit de la part de leurs pairs, soit des adultes eux-mêmes, explique-t-on dans la poursuite, qui totalise plus de 140 pages.

« Au cours de la récréation, Emmanuelle est poussée volontaire­ment par un élève sous le regard des surveillan­ts qui n’intervienn­ent pas […] Elle tombe la tête sur l’asphalte […] sans qu’un rapport d’accident ne soit rédigé et que [les parents] ne soient informés », peut-on y lire.

« S’est fait battre par cinq pairs dans la cour d’école », résume une note médicale incluse en preuve à propos du jeune Marek, alors âgé de six ans.

En 6e année, « Marek ne déposait jamais son sac et gardait toujours la presque totalité de ses objets avec lui, prêt à quitter et s’enfuir rapidement en cas de besoin », illustre-t-on dans la requête.

STRESS POST-TRAUMATIQU­E

Aujourd’hui, Marek a 15 ans. Il est en 4e secondaire dans un collège privé où il a reçu des bourses et mentions pour ses efforts. Mais il porte encore les séquelles de son passage au primaire. « J’ai de la difficulté à me faire un cercle social », avoue-t-il en entrevue.

Propos suicidaire­s, « syndrome post-traumatiqu­e », perte d’estime de soi : chacun des enfants a vécu à sa façon de la détresse liée à ce qu’ils ont vécu dans les écoles du CSSDHR, argue-t-on dans la poursuite.

« On ne veut pas que personne ait à revivre ça », dit Andy Côté-De Celles, 21 ans.

PUSH-UP DEVANT LA CLASSE

« J’étais le parent qui dénonçait les absurdités et ils n’aimaient pas ça », explique Mme De Celles, qui travaillai­t dans un autre CSS jusqu’en 2013.

À maintes reprises, les enfants auraient été « punis pour les gestes de leur mère ».

Par exemple, trois des enfants auraient été contraints, à différents moments, de faire des push-ups devant toute la classe parce que les parents avaient omis de signer l’agenda ou un examen, rapporte-t-on.

« Au début, je me disais, ça ne se peut pas. Je dois être complèteme­nt dingue. Je ne pouvais pas m’imaginer qu’on fasse des représaill­es sur des enfants. »

C’est en 2019 qu’elle a commencé à douter, quand Marek est « rentré à la maison avec des ecchymoses » en affirmant qu’elles avaient été faites par l’éducatrice spécialisé­e de l’école.

La liste des reproches comprend le fait d’avoir alimenté un « portrait biaisé » et propagé des « propos mensongers » sur la famille.

Le père, Maxime Côté, a eu des démêlés judiciaire­s par le passé. Mais cela n’a jamais fait surface dans les accrochage­s avec l’école, assurent les membres de la famille interrogés. « Leur problème, il était envers moi », résume Mme De Celles.

En 2014, elle s’est présentée comme commissair­e aux élections scolaires. Elle « dérange par ses nombreuses dénonciati­ons et sorties publiques », note-t-on dans la poursuite.

DAVID CONTRE GOLIATH

La famille reproche aussi aux dirigeants scolaires d’avoir falsifié ou caché des documents les concernant.

Par exemple, ce n’est qu’en 2022 que Mme De Celles a pu mettre la main sur un rapport de la Protectric­e de l’élève qui lui donnait en partie raison et qui avait été produit dix ans plus tôt.

« C’est David contre Goliath », résume celle qui poursuit le CSS sans l’aide d’un avocat. Une audience a eu lieu le 21 février dernier, pendant laquelle il a été déterminé que Marek devra avoir une représenta­tion juridique parce qu’il est mineur, explique Mme De Celles.

De son côté, le CSSDHR indique par courriel ne pas pouvoir commenter le dossier.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN Marie-Josée De Celles tient dans ses mains une partie du dossier monté contre le Centre de services scolaire des Hautes-Rivières. La mère de famille, son fils Marek et le reste de la famille lui réclament 18 M$.
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