Le Journal de Montreal

Des hanches complèteme­nt finies à seulement 25 ans

Sa mère a créé une campagne de sociofinan­cement pour la faire opérer au privé

- JONATHAN TREMBLAY

Une Montréalai­se de 25 ans atteinte d’arthrose a amassé plus de 40 000 $ afin de se payer une chirurgie au privé pour faire remplacer ses deux hanches, craignant de devoir encore souffrir durant des mois sur la liste d’attente d’un réseau public trop lent.

« Je suis comme dans le corps d’une femme âgée. Je n’ai pas la liberté d’une fille de mon âge. Je me sens un peu emprisonné­e », laisse tomber Jaya-Lilas Payette.

Dès l’âge de 14 ans, la jeune femme raconte avoir reçu un diagnostic d’arthrite chronique juvénile, après avoir remarqué que ses genoux étaient enflés.

« J’ai dû tout arrêter », se remémore celle qui faisait du ballet et jouait au flag football. La cause ? Jaya n’en sait rien. Et les experts non plus.

Depuis, elle jure avoir tout essayé afin d’amoindrir sa douleur, sans succès.

Puis, dans les six derniers mois, les symptômes n’auraient fait qu’empirer à une vitesse fulgurante.

Alors qu’elle devrait être dans la fleur de l’âge, elle vit désormais comme une aînée malmenée par la vieillesse. Elle se déplace même en marchette.

« Me pencher, mettre mes bas, la toilette, me laver. Tout est pénible », énumère Jaya, en grande douleur. « Je ne peux pas rester debout plus de cinq minutes. Je ne dors pas sans médication. »

Pourtant, Jaya travaillai­t malgré tout dix heures par jour dans un café, jusqu’à ce que sa situation devienne intolérabl­e.

RÉGRESSION RAPIDE

Son arthrite se serait transformé­e en arthrose plus vite que prévu.

Les rhumatolog­ues lui auraient expliqué que la tête de sa hanche droite était désormais totalement écrasée. La gauche ne se porterait guère mieux.

« Il y a deux ans, on m’avait parlé de devoir remplacer mes hanches dans 10 ou 15 ans. Et là, c’est devenu urgent ».

Devant la détresse de sa fille et incapable de lui offrir les services du réseau privé, Eve Le Bourdais a créé une campagne de sociofinan­cement.

« J’ai compris qu’on ne pouvait plus attendre », affirme la dame de 47 ans qui aurait, selon elle, été forcée de réhypothéq­uer sa maison, sans ce mouvement de solidarité.

UNE BELLE RÉPONSE

En moins d’un mois, plus de 40 000 $ ont été amassés. L’argent récolté a permis de couvrir la totalité des frais de la chirurgie qui aura lieu… le 16 mars.

Au public, elle est toujours en attente d’un appel pour rencontrer un orthopédis­te. Ensuite, la liste d’attente pour une chirurgie aurait pu aller de six mois à deux ans, lui a-t-on expliqué. Présenteme­nt, plus de 40 000 Québécois sont en attente d’une chirurgie orthopédiq­ue.

« Au privé, je me suis sentie écoutée pour la première fois, exprime Jaya, qui peine encore à croire au succès de la campagne. Je ne sais pas comment remercier assez les gens. »

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PHOTO JONATHAN TREMBLAY Jaya-Lilas Payette (à droite) en compagnie de sa mère, Eve Le Bourdais. Elle doit se faire remplacer les hanches à… 25 ans.

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