Le Journal de Montreal

La surenchère pour une maison mobile

- GABRIEL CÔTÉ

Après sa séparation, une infirmière mère de deux enfants a quitté sa maison de deux étages à Montréal, achetée il y a 13 ans avec son ex pour 160 000 $, pour s’établir à Granby dans une maison mobile qui lui a coûté 200 000 $.

« J’ai fait plusieurs offres avant de réussir à l’avoir, ça a été un combat de surenchère épouvantab­le », se souvient Josie Roberge, qui a acquis sa maison en septembre dernier. « C’est la guerre, le marché pour les maisons mobiles. »

« MEILLEURE OPTION »

Comme c’est souvent le cas pour ce type de propriété, elle est propriétai­re de la maison, mais pas du terrain.

« Ça fait que je paye un petit loyer pour le terrain, en plus de mon hypothèque », explique-t-elle. « Ce n’est pas grave, ça me coûte quand même moins cher que de louer un appartemen­t… puis j’ai plus de place et une cour pour les enfants. »

Les paiements de Josie s’élèvent à 1200 $ par mois pour la maison, et le loyer pour le terrain est d’environ 200 $. Pas une mauvaise affaire, puisque le coût d’un 3 1⁄2 ou d’un 4 1⁄2 dans le coin avoisine 1500 $ en location.

« C’était ma meilleure option, mais ça n’a pas été facile », raconte l’infirmière de 37 ans. « J’avais un bon cash down parce que j’avais les parts de mon ancienne maison, rachetées par mon ex. Mais comme je n’ai qu’un seul revenu, il fallait que j’aie un crédit impeccable. Sans ça, je n’aurais pas eu mon prêt. »

« J’ai quand même une bonne job, un bon revenu… mais toute seule c’est dur de se faire approuver. Je n’ose même pas imaginer ce que c’est pour quelqu’un qui est seul et qui part de rien ! »

Le total des prêts hypothécai­res au pays a atteint une valeur de plus de 569 milliards $, pour environ 1 386 000 prêts accordés entre le troisième trimestre de 2022 et le deuxième trimestre de 2023, selon le Rapport sur l’industrie du crédit hypothécai­re résidentie­l de la Société canadienne d’hypothèque et du logement. Le Québec représente environ 20 % du marché au Canada.

PORTRAIT-ROBOT DE L’EMPRUNTEUR

Derrière ces données se cachent des milliers de personnes comme Josie Roberge, même si son profil ne correspond pas tout à fait à celui de l’emprunteur moyen. « Les gens seuls magasinent encore, mais disons que la gamme de prix est un peu moins accessible qu’avant », illustre le courtier hypothécai­re David Bolduc.

Les acheteurs déjà propriétai­res, comme elle, représente­nt 10 % du marché, selon l’enquête de 2023 de la SCHL. Ils ont généraleme­nt entre 35 et 44 ans, et font partie d’un ménage dont les revenus varient entre 60 000 et 105 000 $ par année. Ils travaillen­t, ils ont des enfants, et ils ont une préférence pour les maisons individuel­les, plutôt que pour les plex ou les condos.

Les premiers acheteurs, eux, représente­nt 12 % du marché, et ont à peu de choses près le même profil que les acheteurs déjà propriétai­res, hormis le fait qu’ils sont plus jeunes (25 à 34 ans).

Le reste du marché est notamment composé de gens qui renouvelle­nt leur hypothèque ou qui font un prêt hypothécai­re pour effectuer des rénovation­s.

Selon les données de l’Associatio­n profession­nelle des courtiers immobilier­s du Québec, le prix moyen des propriétés résidentie­lles de revente vendues au Québec en décembre dernier était de 462 100 $.

« Un couple avec des revenus annuels de 120 000 $ peut-il se permettre la même propriété qu’avant 2020 ? Absolument pas. Mais il y a encore moyen de trouver chaussure à son pied malgré tout », commente M. Bolduc.

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CAPTURE D’ÉCRAN, TVA NOUVELLES Maison mobile de la grande région de Montréal (photo à titre illustrati­f).

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