Pourquoi « mon » entreprise a-t-elle baissé en Bourse ?
C’est une question qui revient souvent chez les investisseurs : pourquoi l’action de telle entreprise baisse-t-elle en Bourse alors que les nouvelles sont bonnes ?
Acheter des titres individuels, ça fait souvent vivre des émotions fortes.
Le lundi, le cours d’une entreprise peut monter de 3 %. Et le jeudi, il peut descendre de 5 %, sans raison apparente. C’est bien normal de vouloir comprendre ce qui se passe !
L’OFFRE ET LA DEMANDE
La règle de base, c’est que le prix des actions fluctue en fonction de l’offre et de la demande. Plus il y a d’acheteurs, plus le prix monte, et vice-versa.
Là où ça se complique, c’est qu’il y a un nombre incroyable de raisons qui peuvent influencer l’offre et la demande pour un titre (voir ci-dessous).
On peut les placer dans deux catégories : les facteurs internes, qui sont propres à une entreprise en particulier, et les facteurs externes, qui relèvent du contexte économique.
Sans oublier l’aspect psychologique, qui est plus présent qu’on peut le penser en finance.
« On voit ça à l’occasion : des mouvements de masse, quand beaucoup de gens vendent en même temps en réaction à une rumeur de marché », illustre Nathalie Demers, gestionnaire de portefeuille chez Desjardins.
LES ATTENTES DU MARCHÉ
Souvent, on peut s’étonner que le cours boursier d’une entreprise baisse alors que celle-ci vient d’annoncer une hausse de ses profits. Mais ce qui importe le plus, c’est ce que valent les résultats financiers par rapport aux anticipations du marché.
« Une entreprise peut avoir une belle croissance, mais si ce n’est pas à la hauteur des attentes des analystes... Oups, le titre baisse et pourtant, c’est une croissance qui est respectable », souligne Mme Demers.
Même les experts ont du mal à prévoir les hausses et les baisses en Bourse. Ça montre à quel point il peut être périlleux de se lancer dans la sélection de titres (stock picking) et encore plus dans la négociation à court terme (day trading ou swing trading).
Pour limiter les risques de pertes, Nathalie Demers se donne habituellement un horizon de trois à cinq ans lorsqu’elle sélectionne des titres individuels.
Et elle n’investit jamais plus de 5 % de la valeur totale d’un portefeuille dans un titre en particulier.
« Mais en général, ça joue plus aux alentours de 2,5 % à 3 % », indique la spécialiste.
N’oubliez pas que pour bien faire les choses, il faut étudier en profondeur les états financiers de l’entreprise ciblée et ses perspectives de croissance, ce qui demande beaucoup de temps.
« Quand tu gères tes choses tout seul, tu peux t’attacher à tes titres et c’est là que ça devient dangereux », rappelle Mme Demers.
CE QUI PEUT FAIRE BOUGER UN TITRE EN BOURSE 1 LES NOUVELLES DE L’ENTREPRISE
Une augmentation inattendue des profits, des ventes ou des marges bénéficiaires est susceptible de faire bondir le titre boursier d’une entreprise. Une diminution imprévue ces chiffres risque d’avoir l’effet inverse. Il en va de même lorsqu’une entreprise revoit à la hausse ou à la baisse ses prévisions de croissance. Voici d’autres nouvelles qui peuvent influencer la valeur boursière d’une entreprise : des difficultés financières, l’obtention ou la perte d’un gros contrat, le départ ou l’arrivée d’un nouveau PDG, l’acquisition ou la vente d’une autre entreprise, une expansion dans un nouveau secteur ou un repli sur ses activités principales, un scandale comptable...
2 LE POINT DE VUE DES EXPERTS
Les analystes des institutions financières publient régulièrement des rapports sur les entreprises cotées en Bourse. Ces rapports peuvent parfois avoir un impact important sur le prix des actions, notamment lorsqu’ils recommandent l’achat ou la vente d’un titre. Les rapports produits par des vendeurs à découvert (qui parient sur la chute d’une entreprise) peuvent avoir des effets encore plus marqués. Enfin, les achats et les ventes d’actions faits par des initiés (actionnaires importants, dirigeants ou administrateurs) peuvent aussi faire fluctuer le cours boursier d’une entreprise.
3 LES NOUVELLES DE L’INDUSTRIE
Assez souvent, le titre d’une entreprise peut être influencé par une nouvelle qui touche l’un de ses concurrents. Par exemple, l’action d’Alphabet (Google) souffre depuis plusieurs mois de la longueur d’avance qu’a prise Microsoft dans le secteur de l’intelligence artificielle grâce à l’association du géant de Redmond avec OpenAi.
4 L’ÉCONOMIE
Les titres boursiers ont tendance à reculer à l’approche d’une récession, mais comme je l’ai déjà écrit, ils remontent souvent bien avant que celle-ci se termine. Depuis 2022, la forte inflation et la hausse des taux d’intérêt qui en a découlé ont tiré les marchés financiers vers le bas, surtout au début. Selon plusieurs économistes, une éventuelle baisse des taux pourrait donner un nouvel élan aux Bourses. Les guerres, les élections et les autres chocs géopolitiques peuvent également affecter les indices boursiers, mais l’effet est généralement de courte durée.
5 LE « SENTIMENT » DU MARCHÉ
On entre ici dans la psychologie des investisseurs.
« Le sentiment du marché est souvent subjectif et entêté, a récemment écrit l’auteur financier américain David R. Harper sur Investopedia. Par exemple, vous pouvez vous former un jugement solide sur les possibilités de croissance d’une entreprise, et l’avenir pourrait vous donner raison, mais entre-temps, le marché peut s’attarder de façon myope à un seul élément d’information, ce qui fait en sorte que le titre reste artificiellement élevé ou bas. »
« UNE ENTREPRISE PEUT AVOIR UNE BELLE CROISSANCE, MAIS SI CE N’EST PAS À LA HAUTEUR DES ATTENTES DES ANALYSTES... OUPS, LE TITRE BAISSE ET POURTANT, C’EST UNE CROISSANCE QUI EST RESPECTABLE. »
– Nathalie Demers, gestionnaire de portefeuille chez Desjardins