La vitalité de communautés rurales pourrait être menacée
Les intervenants avec qui 24 heures a parlé craignent pour la survie de la relève.
D’abord, le revenu net agricole québécois est passé de 959 millions $ en 2022 à un peu plus 487 millions $ l’an dernier (-49 %). Il pourrait même baisser à 66 millions $ en 2024 (-87 %), selon les prévisions de l’UPA. Si cette prédiction s’avère exacte, ce serait le pire revenu agricole net depuis 1938.
MOINS DE 10 % DE JEUNES
Ensuite, la proportion de jeunes agriculteurs est en chute libre depuis 30 ans. Alors que les moins de 35 ans représentaient 25 % de tous les exploitants en 1991, ils étaient moins de 9 % en 2021, selon Statistique Canada. « Pour la qualité de vie et la santé mentale, c’est une énorme pression, fait valoir la présidente de la FRAQ, Julie Bissonnette. Notre métier n’est pas valorisé. Les jeunes se demandent de plus en plus pourquoi ils font de l’agriculture. »
LES PLUS DE 55 ANS MAJORITAIRES
A contrario, le nombre de producteurs de 55 ans et plus a bondi depuis 1991, passant de 22 % à 53 % en 2021.
On les appelle les gentlemen farmers, souligne l’éleveuse de bisons Anouk Caron.
« Ce sont des gens semi-retraités ou retraités qui ont déjà des capacités financières et qui se lancent en agriculture à un âge plus avancé. Ils font ça en hobby. Le potentiel est beaucoup moins grand et l’entreprise ne risque pas de perdurer », explique-t-elle.
La situation pourrait compromettre le plan d’autonomie alimentaire de la province, selon les producteurs, et même la vitalité de plusieurs villages.
« Dans les prochaines années, beaucoup de gens vont se retirer du domaine agricole, mais il y a encore énormément de petites municipalités qui vivent de l’agriculture au Québec, rappelle Martin Caron. Pour chaque dollar de production agricole dans une région, 71 sous y restent. Ces villages risquent de se dévitaliser. »