LES BEAUTÉS DE L’ÎLE D’ANTICOSTI
POUR BIEN DES GENS, L’ÎLE D’ANTICOSTI, C’EST L’ÎLE AUX CHEVREUILS ET LE SITE DE LA FAMEUSE CHUTE VAURÉAL. MAIS IL Y A BEAUCOUP PLUS À DÉCOUVRIR SUR CE SITE EXCEPTIONNEL, INSCRIT AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO DEPUIS SEPTEMBRE 2023.
Anticosti est un continent dans un continent! Sur cette île de près de 220 km de long au centre du golfe du Saint-Laurent, sortie des eaux à partir du choc des plaques tectoniques, on marche littéralement sur les fossiles. Guide de chasse et de pêche depuis 1974, René Bourque connaît à fond ce territoire unique. En 2013, il s’est lancé dans une nouvelle aventure en organisant des safaris-photos. Son but : faire découvrir les richesses de l’île, et ses secrets les mieux gardés. Pour cet expert, il faut d’abord prendre le temps de vivre pleinement l’environnement de PortMenier : le lac Georges et la Baie Ellis le matin pour y admirer tous les oiseaux de rivage ainsi que les aigles. Il y a d’ailleurs une héronnière tout près du village.
Vers l’ouest, on découvre Baie Sainte-Claire, le site du premier village lors de l’arrivée d’Henri Menier, propriétaire de l’île depuis 1895. Quelques familles acadiennes et terre-neuviennes y ont vécu, en témoignent deux maisons oubliées et le cimetière.
La mer n’étant pas assez profonde pour permettre aux plus gros bateaux d’accoster à cet endroit, Menier a donc pris la décision de migrer au bord de la Baie Ellis, où se trouve l’actuel village de Port-Menier. Ce richissime chocolatier français, qui rêvait à Anticosti comme une réserve de chasse, a offert aux habitants un village hors de l’ordinaire, avec les équipements les plus modernes de l’époque (hôpital, école, électricité, automobiles et téléphone). La rue du Cap Blanc présente les derniers vestiges de l’époque Menier avec ses petites maisons typiques. On peut aussi y voir les ruines du « Château Menier », brûlé en 1953 par la Consolidated Bathurst.
Pour partir à l’aventure
À l’intérieur de l’île, il faut partir à la découverte des rivières du territoire. On peut marcher sur les rives (et parfois dedans!) des rivières Patate, Observation et McDonald. À chacune des embouchures, Menier avait installé un gardien avec sa famille. Ils devaient protéger les lieux et s’assurer que les ressources naturelles demeuraient intactes. Sur le site de l’Auberge McDonald se trouve la tombe d’Angus McDonald, un gardien qui y a élevé toute sa famille. Partout, la faune variée est exceptionnelle avec des aigles, des renards, des phoques, des oiseaux marins et terrestres, sans oublier les célèbres chevreuils, qui sont des cerfs de Virginie.
Grâce à une randonnée guidée, suivez la rivière Patate pour vous rendre jusqu’à un endroit appelé « la piscine » où l’on peut se rafraîchir dans une eau vert émeraude. On peut aussi découvrir la grotte de la rivière Patate. Vous pouvez également marcher le long de la rivière SainteMarie jusqu’à la rivière Cailloux, et y voir de nombreux fossiles. L’Anse du Sentier Vert situé dans le parc national d’Anticosti est aussi un magnifique paysage.
Aussi, à cause des courants forts qui l’entourent, Anticosti n’a pas été tendre avec les bateaux : des épaves tout autour de l’île racontent l’histoire d’aventuriers, de naufragés et de naufrageurs (comme Louis-Olivier Gamache, le « sorcier d’Anticosti »)! Près de 400 naufrages ont eu lieu… Pour en finir avec ces tragédies, sept phares ont été construits dès 1831.
Toujours prendre son temps sur Anticosti
Selon un autre expert de l’île qui veille aux destinées des visiteurs du Parc national d’Anticosti, Éric Savard, le secret d’un beau séjour est de prendre son temps pour découvrir ce milieu unique. Ce dernier explique que, ici, il ne faut rien faire à la course et qu’il faut savourer pleinement cette nature généreuse.
Il conseille de partir vers le petit canyon de la rivière Chicotte. Cette randonnée peut se faire en famille. Toujours du côté sud de l’île, même si la route est un peu difficile, il faut se rendre à Pointe-Sud-Ouest afin de découvrir le site du phare. L’histoire a laissé ses traces, dont le cimetière de la famille Pope. Plusieurs générations de gardiens ont surveillé ce phare, dont il reste quelques vestiges. On y retrouve aussi un cimetière de naufragés, sans nom, retrouvés sur la berge après une très grosse tempête. En faisant le tour de la pointe, on peut apercevoir des oiseaux marins, des phoques gris et même des rorquals qui passent à proximité. De petites grottes sous-marines abritent les sites d’amarrages des bateaux de l’époque. Des panneaux d’interprétation viennent expliquer le tout.
Côté nord de l’île
En entrant sur le territoire de la Sépaq, vous allez découvrir l’avion de la Rivière-à-l’Huile. Un panneau d’interprétation sur place explique comment cet appareil s’est retrouvé en pleine forêt… Vous devez absolument faire un arrêt à la petite chute Kalimazoo, où un petit lagon permet de se rafraîchir. C’est un endroit merveilleux en fin de journée, surtout lors des grosses chaleurs de juillet et d’août. Sur le site de Pointe Carleton, un pavillon abandonné depuis quelques années est devenu un point d’observation unique pour regarder les baleines. Au-dessus du niveau de la mer, la vue est imprenable.
Là, on découvre l’épave du Wilcox, un dragueur de mines échoué sur la grève en 1954, après que les machines soient tombées en panne durant une tempête. Il servait à ravitailler les différents campements autour de l’île. Un sentier a été aménagé pour accéder à l’épave. On y trouve aussi un petit terrain de camping.
Dans le secteur du canyon Vauréal, la célèbre chute qui semble jaillir d’une paroi de 90 mètres est spectaculaire. Deux sentiers de randonnée nous amènent au pied de la chute. Éric Savard conseille également le sentier des télégraphes à Baie-de-la-Tour, pour un point de vue exceptionnel sur toute la nature environnante et sur la mer, où les baleines viennent très près de la rive.
À Anticosti, la nature est encore sauvage et préservée, et sur 125 km de sentiers, on peut y faire des randonnées exceptionnelles, parmi les plus belles au monde.