« Je préfère que les avions me bombardent et me tuent »
La vie est « insupportable » pour des Palestiniens affamés dans la bande de Gaza
AFP | La population de Gaza a vécu hier sa première journée de ramadan dans un territoire bombardé par l’armée israélienne et touché par la famine, sans aucune trêve en vue après cinq mois de guerre entre Israël et le Hamas.
Alors qu’une grande partie du monde musulman entre dans ce mois sacré du jeûne, de nombreux habitants du territoire palestinien ont été réveillés par des frappes israéliennes sur Gaza-ville, dans le nord, et Khan Younès et Rafah, dans le sud, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant hier 67 morts en 24 heures.
« Je préfère que les avions me bombardent et me tuent plutôt que de continuer à vivre comme ça » lance, désespéré, Zaki Hussein Abou Mansour. Ce Palestinien qui vit sous une tente de fortune à Rafah raconte n’avoir que quelques légumes pour nourrir sa famille.
« Ce n’est pas la vie que nous étions censés vivre », s’écrie le sexagénaire, déplacé plusieurs fois par les combats avant d’arriver dans cette ville du sud de la bande de Gaza. « On n’en peut plus de chercher de la nourriture et de vivre cette vie, c’est insupportable. »
« Le début du ramadan est couvert de ténèbres, avec le goût du sang et la puanteur partout », a dit Awni al-Kayyal, un autre déplacé à Rafah. « Nous n’avons pas de nourriture sur la table du dîner » pour la rupture du jeûne le soir, a ajouté cet homme de 50 ans.
« Le temps presse. La population affamée de Gaza ne peut plus attendre », a alerté Cindy McCain, la cheffe du Programme alimentaire mondial (PAM).
« NOUS LES AURONS TOUS »
Le patron de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « atterré que le conflit se poursuive à Gaza pendant ce mois sacré », appelant à « faire taire les armes » et à libérer les otages israéliens, « pour faire honneur à l’esprit du ramadan ».
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a, lui, réaffirmé hier son intention de vaincre le Hamas.
« Nous sommes sur la voie d’une victoire totale », a-t-il assuré dans un message vidéo, affirmant que l’armée avait « déjà éliminé le numéro quatre du Hamas », sans préciser son identité. « Nous les aurons tous », a-t-il lancé en parlant des autres chefs du mouvement islamiste palestinien.
Hier, l’armée a annoncé une frappe dans la nuit de samedi à dimanche contre le numéro deux de la branche armée du Hamas, Marwan Issa, dans le centre de Gaza sans pouvoir dire s’il avait été tué.
Le climat extrêmement tendu généré par la guerre à Gaza fait redouter des violences à Jérusalem-Est, secteur occupé par Israël où se trouve l’esplanade des Mosquées. Des dizaines de milliers de fidèles se rendent chaque année pendant le ramadan dans ce troisième lieu saint de l’islam.
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a assuré qu’Israël respecterait la liberté de culte à la mosquée al-Aqsa, mais averti que son pays était « prêt » à répondre à tout débordement. « Nous disons à tous : ne nous cherchez pas. Nous sommes prêts, ne commettez pas d’erreur. »