Le Journal de Montreal

PDG de Radio-Canada, ça vous intéresse ?

Si la direction de Radio-Canada vous intéresse, il ne reste qu’un mois pour poser votre candidatur­e. Le 12 avril, il sera trop tard.

- Guy.fournier@quebecorme­dia.com

Le poste n’est peut-être pas de tout repos, mais les avantages sont nombreux. Le salaire est plus que deux fois celui du premier ministre du Canada, sans compter le boni annuel et une pension généreuse. On peut travailler en partie de chez soi et faire la navette, tous frais payés, entre trois bureaux : Toronto, Montréal et Ottawa. Le mandat est de cinq ans, mais il est presque toujours renouvelé pour une autre période de cinq ans.

À moins qu’on ait démérité… Une fois nommé, même le premier ministre ne peut vous dégommer.

Première étape à franchir : le comité de nomination que la ministre du Patrimoine Pascale St-Onge vient de mandater pour dénicher la perle rare. Il faut ensuite que le premier ministre adoube la personne choisie. Même si la loi stipule que la nomination est du ressort du gouverneur en conseil, c’est un secret de polichinel­le qu’elle reste le privilège exclusif du premier ministre.

C’est ainsi qu’en 2018, le premier ministre Justin Trudeau (et son bureau) aurait refusé la personne recommandé­e par un comité et choisi plutôt Catherine Tait, même si elle ne cochait pas toutes les cases, étant domiciliée aux ÉtatsUnis. La loi exige que le grand patron de CBC/Radio-Canada soit canadien et domicilié au Canada. Mais la maman de Madame Tait habitant Ottawa, on s’est montré accommodan­t pour sa fille !

COMITÉ DE NOMINATION COMPÉTENT

Certains des neuf membres du comité que Pascale St-Onge vient de nommer pourraient être PDG de CBC/Radio-Canada. Ceux-là ont donc toute la compétence qu’il faut pour choisir le candidat parfait. Le prochain ou la prochaine PDG devrait être d’origine francophon­e (question d’alternance), mais il est hors de question qu’elle ne soit pas bilingue. Là-dessus, Madame Tait était parfaite, parlant un français impeccable.

Charles Décarie, qui oeuvra longtemps au Cirque du Soleil et qui fut PDG de Juste pour rire jusqu’à la fin de décembre dernier, préside le comité. Michael Goldbloom, l’actuel président du conseil de CBC/ Radio-Canada, fait aussi partie du comité, comme Monique Simard, membre du comité d’experts de Janet Yale sur l’aven ir des communicat­ions. Louise Imbeault, de Moncton, journalist­e à Radio-Canada toute sa carrière, fait aussi partie du comité de nomination, comme Cameron Bailye, PDG du Festival du film de Toronto, Prem Gill, PDG de Creative BC, l’équivalent de notre SODEC. Deux Autochtone­s, dont l’un est cinéaste, et Lisa Raitt, ancienne ministre du Transport sous Stephen Harper, complètent le comité.

LA QUADRATURE DU CERCLE

Infatigabl­e et obstinée, Pascale St-Onge semble bien déterminée à assurer l’avenir du diffuseur public d’ici à la prochaine élection qui devrait être déclenchée en septembre 2025. Contre toute attente, elle a fait exempter le diffuseur public de la réduction de dépenses de

3,3 % exigée des sociétés de la Couronne et de tous les ministères. La ministre a aussi accordé au diffuseur public sept des cent millions que versera annuelleme­nt Google à la suite de l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne. Et contre toute attente, elle a obtenu une augmentati­on budgétaire de 96,1 millions pour CBC/ Radio-Canada. Tout un cadeau dans un contexte aussi difficile pour les médias.

Si d’ici à l’élection la ministre révise le mandat du diffuseur public et arrive à mettre son existence et son financemen­t à l’abri de la vindicte de Pierre Poilievre, elle aura réussi la quadrature du cercle.

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Pascale St-Onge

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