Peu d’argent en environnement malgré des feux de forêt record
Le réseau routier l’emporte sur le transport collectif pour les investissements
Les feux de forêt record de l’été dernier n’auront pas motivé de réinvestissement massif en environnement cette année, au contraire. Avec trois fois plus d’argent pour les routes que le transport collectif, la crise climatique devra attendre.
L’environnement n’a pas été épargné par la cure minceur du budget d’Eric Girard, dévoilé hier. Seulement 127,5 millions $ supplémentaires sont injectés, comparativement à 1 milliard $ l’an dernier.
La majorité de cette somme est consacrée à assurer la sécurité face à l’augmentation des événements climatiques extrêmes.
Entre autres, le gouvernement octroie 29 M$ pour permettre à la SOPFEU de faire des embauches et d’acquérir de nouveaux équipements.
Cette somme est répartie sur cinq ans, dont 7 M$ pour l’année 2024-2025 alors qu’on s’attend à une autre année record de feux de forêt.
« En 2023, ç’a coûté 200 millions de dollars juste pour les éteindre ! » a dénoncé la députée solidaire Christine Labrie.
Le ministre des Finances a d’ailleurs mentionné l’ampleur des feux de l’été dernier, qui ont brûlé 4,5 millions d’hectares, comme l’une des raisons expliquant l’importance du déficit budgétaire cette année. Dès le mois de mai, la SOPFEU avait dépassé ses capacités opérationnelles.
DIFFICILE À PRÉVOIR
« La crise climatique a des impacts souvent non prévus sur nos cadres budgétaires », a renchéri la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel.
Une somme de 7,7 M$ est prévue pour assurer la sécurité des barrages publics et 3,9 M$ sous forme d’aide financière pour leur mise à niveau.
Ces investissements s’ajoutent aux 500 M$ pour aider les municipalités à s’adapter, annoncés lors de la révision budgétaire, l’automne dernier. Celles-ci réclamaient 2 G$ par année sur cinq ans.
Du côté des transports en commun, le nerf de la guerre dans la lutte aux changements climatiques au Québec, le gouvernement de François Legault y annonce trois fois moins d’investissements que dans le réseau routier.
Une somme de 672,9 M$ est allouée, notamment pour la Société de transport de Saguenay et celle de Montréal.
Le réseau routier obtient pour sa part 2 G$. Ce montant inclut toutefois des sommes pour des voies réservées au transport collectif.
Près de 43 % des émissions de gaz à effet de serre du Québec sont attribuables au transport, en majeure partie le transport routier.
Aucun financement n’a été alloué au transport interurbain par autocar.
PLAN POUR UNE ÉCONOMIE VERTE
La cagnotte amassée grâce au marché du carbone permet d’ajouter 300 M$ au Plan pour une économie verte, portant son budget à 9,3 G$ sur cinq ans. Sa mise en oeuvre doit être détaillée au printemps.
L’an dernier, on avait déterminé et financé 60 % des mesures permettant de réaliser l’objectif de réduction de 37,5 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.