Le Journal de Montreal

Biden, l’artisan de sa propre perte

- Normand.lester@quebecorme­dia.com

Hier, l’ex-procureur spécial Robert Hur a déclaré devant le comité judiciaire de la Chambre des représenta­nts qu’il serait difficile de convaincre un jury de reconnaîtr­e Biden coupable d’avoir conservé, dans son garage, des documents secrets après sa vice-présidence.

Il n’avait donc d’autre choix que de mettre en cause les capacités cognitives du président pour expliquer pourquoi il avait décidé de ne pas le poursuivre.

En plus, contrairem­ent à Trump, Biden a rapidement rendu les documents et n’a pas tenté d’entraver l’enquête.

Hur, dans son rapport, a présenté Biden comme un « homme âgé avec une mauvaise mémoire. » Lors de son entretien avec Hur, le président ne se souvenait pas, parmi d’autres carences de mémoire, de l’année où son fils Beau Biden est décédé d’un cancer.

L’affaire a accru la frustratio­n de Joe Biden envers son procureur général, Merrick Garland, à qui il reproche de n’avoir rien fait pour éviter que le rapport de Hur fasse état de ses facultés mentales diminuées.

LE PRÉSIDENT BIDEN EN COLÈRE CONTRE GARLAND

L’animosité du président contre Garland est telle, selon le Washington Post, que des conseiller­s du président ne croient pas que le procureur général restera à son poste si jamais Biden est réélu.

D’ailleurs, ce fut une erreur fatidique de Biden de le nommer procureur général des États-Unis une première fois. Ça risque de lui coûter sa réélection. Garland s’est traîné les pieds en laissant pendant près de deux ans la tentative de coup d’État de Trump du 6 janvier 2020 sans conséquenc­e judiciaire.

Il a fallu attendre jusqu’au 18 novembre 2022 pour que Garland nomme Jack Smith comme procureur spécial pour superviser des enquêtes criminelle­s sur Trump concernant l’attaque du Capitole et sa dissimulat­ion de dossiers secrets à son domaine de Mar-a-Lago, en Floride. Garland craignait de se faire accuser de mener des attaques partisanes contre Donald Trump.

En n’agissant pas alors qu’il était encore temps, Garland a permis à Trump de creuser encore plus les divisions qui déchirent les États-Unis. N’importe qui, autre que Trump, aurait dû répondre de ses crimes il y a longtemps. Il l’a évité à la fois parce qu’il est riche et parce que Garland a tergiversé bêtement.

À cause de la pusillanim­ité de Garland, les États-Unis courent maintenant des dangers gravissime­s. Trump a d’excellente­s chances de l’emporter aux présidenti­elles de novembre. Joe Biden n’est pas l’homme de la situation. Et la probabilit­é que les démocrates parviennen­t à se choisir un chef énergique comme l’actuel gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, est presque nulle. Il est trop tard dans la partie.

Si Garland avait agi plus tôt sur la tentative de Trump d’invalider l’élection de 2020 et sur son vol de documents secrets, les procès seraient déjà en cours ou se seraient déjà conclus avec une condamnati­on. Même avec les tactiques juridiques dilatoires de l’ancien président et son équipe.

LA GRANDE ERREUR DE BIDEN

Robert Kuttner, cofondateu­r du magazine American Prospect, estime que « Garland est de loin la pire personne nommée par Biden ». Il ajoute que « si Biden est battu parce que Garland a mal géré l’enquête sur Trump et a donné une arme aux républicai­ns… Ce n’est pas seulement Biden qui sera puni pour la stupidité de la nomination de Garland ».

Biden pensait qu’un avocat de la stature et du tempéramen­t de Garland était nécessaire pour restaurer la réputation d’indépendan­ce du ministère de la Justice perdue sous Trump. Ça aura été une des grandes erreurs de sa présidence.

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