Le Journal de Montreal

Un calme précaire règne dans la capitale haïtienne

Un conseil de transition doit « rapidement » choisir un nouveau premier ministre

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AFP | Haïti se préparait hier à la prochaine formation d’un « conseil présidenti­el de transition » après l’annonce de la démission du premier ministre contesté Ariel Henry, mais les interrogat­ions sur une accalmie demeurent alors que le pays, ravagé par la violence des gangs, vit une crise politique et sécuritair­e aiguë.

Signe que la situation reste loin d’être stabilisée, le Kenya a décidé de suspendre l’envoi prévu de policiers en Haïti dans le cadre d’une mission internatio­nale soutenue par l’ONU. Washington a aussitôt rétorqué ne pas voir de raisons à ce report.

Ariel Henry, qui ne parvenait pas à regagner son pays après un voyage au Kenya et se trouvait à Porto Rico, a déclaré lundi soir qu’il continuera­it de gérer les affaires courantes jusqu’à ce qu’un « conseil présidenti­el de transition » soit mis en place.

L’annonce avait d’abord été faite par la Communauté des Caraïbes (Caricom) lors d’une réunion d’urgence en Jamaïque.

L’ONU « espère fortement » que l’accord aidera à mettre fin à la violence, mais « il est très difficile pour nous de prédire » ce qui va se passer, a dit le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujarric.

L’Union européenne a, elle, salué « les importants progrès » réalisés lors de la rencontre, et jugé qu’« une transition politique viable, inclusive et durable menée par les Haïtiens (était) la seule option pour mettre le pays sur le chemin de la stabilité ».

«CHAOS»

Selon la Caricom, le conseil présidenti­el de transition doit être formé de sept membres votants représenta­nt les principale­s forces politiques en Haïti et le secteur privé. Deux observateu­rs sans droit de vote doivent en outre porter la voix de la société civile et de la communauté religieuse.

Ce conseil doit « rapidement choisir et nommer un premier ministre intérimair­e », selon la Caricom.

Peu avant l’annonce du prochain départ du premier ministre, un puissant chef de gang, Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », a affirmé qu’il ne reconnaîtr­ait pas de « gouverneme­nt formé par la Caricom ou d’autres organisati­ons ».

« Si la communauté internatio­nale continue avec sa stratégie de remettre le pouvoir à un petit groupe de politicien­s traditionn­els, elle va plonger Haïti dans le chaos », a-t-il assuré.

Hier, un calme précaire régnait à Portau-Prince, même si des tirs ont été entendus dans certains quartiers.

Sans président ni parlement — le dernier chef d’État, Jovenel Moïse, a été assassiné en 2021 —, Haïti n’a connu aucune élection depuis 2016. Ariel Henry, nommé par Jovenel Moïse, aurait dû quitter ses fonctions début février.

Les gangs ont pris le contrôle de pans entiers du pays de 11,6 millions d’habitants et d’environ 80 % de la capitale.

Hier, le ministre français des Affaires étrangères a annoncé l’évacuation de ses « personnels non essentiels ».

La veille, c’est l’UE qui a dit avoir évacué l’ensemble de son personnel.

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PHOTO AFP Des hommes à moto passent devant des pneus enflammés lors d’une manifestat­ion à Port-au-Prince après l’annonce de la démission du premier ministre Ariel Henry.

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